« En amont du fleuve » remonte la trace du père
« En amont du fleuve » explore la filiation
Marion Hänsel fait découvrir une Croatie sauvage dans En
amont du fleuve, où Sergi López et Olivier Gourmet, demi-frères qui n’ont jamais vécu ensemble, apprennent à se connaître au fil de l’eau. « Mon film est contemplatif, reconnaît la cinéaste. Pour l’apprécier, il faut avoir envie de voir la nature et de saisir des sentiments humains qui se développent progressivement. » La réalisatrice belge donne le temps au temps pour suivre ces deux hommes fragiles et forts sur une rivière où ils finiront par croiser John Lynch, randonneur énigmatique, tandis qu’ils cherchent à comprendre qui était leur père et les raisons de son décès. « C’est un voyage douloureux, mais libérateur, qui les attend », confie la cinéaste. Elle embarque le spectateur avec eux sur un petit bateau à la découverte de paysages et d’émotions. Ce périple, Marion Hänsel avait d’abord envisagé de le leur faire vivre au Cambodge. « Cela coûtait trop cher, car il fallait emmener tous les techniciens depuis l’Europe puisqu’ils n’en ont pas sur place », se souvient-elle. Pour des raisons économiques, elle a choisi la Croatie, et plus précisément la Dalmatie. « Quand j’ai fait les repérages en plein hiver, alors qu’il n’y avait pas de végétation, j’ai d’abord été inquiète », avoue-t-elle. En mai-juin, quand s’est déroulé le tournage, la réalisatrice de Noir Océan (2011) et La Tendresse (2013) a pu plonger dans une nature verdoyante et isolée pour y faire s’affronter ses personnages. « C’était idéal ! Il fallait juste être vigilant pour éviter de voir débarquer quelque escaladeur égaré et avoir fini avant les vacances d’été quand la région devient plus fréquentée », plaisante-t-elle. L’isolement a parfaitement servi une intrigue qu’elle a cosignée avec le romancier Hubert Mingarelli. « C’était dur pour les acteurs, mais cela les a sans doute aidés à trouver leurs rôles même si je reconnais que je ne les ai pas ménagés, se souvient Marion Hänsel. La Croatie a constitué un élément capital pour leur performance. » Des scènes de pétages de plombs époustouflantes d’Olivier Gourmet et John Lynch explosent comme des orages extrêmement impressionnants dans le calme d’un décor tantôt paisible, tantôt menaçant.