Les étudiants de banlieue se sentent oubliés
I ly a ceux (nombreux) que la présidentielle « n’intéresse pas » et qui n’iront « pas voter ». Et il y a ceux, une minorité, qui suivent les débats, désabusés que les problématiques des jeunes de banlieue soient passées entre les mailles des grands thèmes de la campagne. « Dès que cela touche l’humain, cela n’intéresse plus les politiques », regrette Melody, 22 ans. Comme elle, de nombreux jeunes qui fréquentent le campus La Doua de l’université Claude-Bernard Lyon-I, à Villeurbanne, sont issus de l’agglomération lyonnaise (Rhône). « Il y aurait pourtant des choses à dire, estime Wael, 20 ans, originaire de Bron. Chez moi, il y a des groupes scolaires, des lycées, ce sont les générations futures. On sait qu’il y a des problèmes, les candidats devraient insister pour proposer des solutions, se pencher réellement dessus. J’attendais plus de débats sur ce sujet. »
« Je n’ai plus le choix ! »
Tous les étudiants ne sont pourtant pas résignés. En tant que membre de l’Alliance des jeunes révolutionnaires, Olivier, 26 ans, distribuait, mercredi, à quelques heures du débat d’entredeux-tours, des tracts pour renvoyer dos à dos Emmanuel Macron et Marine Le Pen. « La banlieue n’a pas du tout été abordée car, avec cette affiche du second tour, nous sommes dans la distraction stratégique, accuse-t-il. On ne parle pas du social et, avec Le Pen, on réduit la banlieue à l’immigration. » A plusieurs centaines de kilomètres de là, sur le site de l’université Paris XIII, à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), un futur ingénieur s’attriste de « devoir voter pour le moins mauvais ». Le jeune homme de 20 ans s’interroge : « C’est quoi le coup fourré ? » Si jamais Marine Le Pen gagnait les élections, « il faudrait s’attendre à une rébellion dans les cités ». Dans le cas de Macron, « ça serait juste une déception ». Amin, 21 ans, assume davantage son vote « pour contrer Marine Le Pen », tout en craignant qu’une victoire du candidat d’En marche ! « augmente les inégalités ». En route vers la faculté, Hami avance d’un pas rapide. Comme il travaille, il ne pourra pas regarder le débat [mercredi soir], mais, il l’assure, il mettra son bulletin dans l’urne dimanche: « Un blanc ou un nul, c’est comme voter FN ! » Sous leurs cheveux rouges et sous son voile, Kathleen, Amandine et Khaoula iront voter, elles aussi, par défaut. « Je ne pensais pas voter pour Macron, mais je n’ai plus le choix ! » assume Khaoula.