20 Minutes (Toulouse)

Un seul être vous manque

Depuis vingt-cinq ans, Patricia Fagué, qui a collaboré à « Perdu de vue », s’emploie à retrouver des personnes disparues. Elle raconte ses recherches dans un livre.

- Delphine Bancaud

Certains ont la passion des vieux timbres ou de la photograph­ie. Patricia Fagué, elle, est fascinée par les personnes qui disparaiss­ent et les enfants abandonnés. « Petite, je relisais tout le temps Le

Pays où l’on n’arrive jamais d’André Dhôtel, qui raconte l’histoire d’un garçon qui a fugué pour retrouver sa mère. J’ai toujours été habitée par ce type d’affaires. » Ce n’est donc sans doute pas un hasard si la jeune journalist­e qu’elle est démarre sa carrière en travaillan­t pour « Perdu de vue ».

Ni flic ni détective

Une fois terminée cette émission culte de Jacques Pradel, entre deux contrats pour la télévision, elle mène « des enquêtes pour retrouver des disparus », explique-t-elle. Des histoires extraordin­aires qu’elle raconte dans Disparus sans laisser d’adresse (Editions de l’Opportun), qui paraît ce jeudi. Celles de frères et de soeurs séparés dans leur enfance, de pères qui veulent retrouver un enfant que la mère leur a soustrait, d’enfants nés sous X qui souhaitent en savoir plus sur leur mère biologique... Mais pas question de prendre des dossiers de disparitio­ns inquiétant­es : « Je ne suis ni flic ni détective. Je veux juste m’occuper d’histoires de famille », précise-t-elle. Et, avant d’accepter une enquête, Patricia Fagué vérifie toujours les intentions des « demandeurs » : « S’ils recherchen­t un membre de leur famille pour une histoire d’héritage ou pour se venger, je refuse. Je ne suis pas là pour régler des comptes, mais pour recoller des morceaux. Je n’accepte que les recherches qui sont effectuées dans une démarche affective. » Et le deal est clair : l’enquêtrice ne se fait payer que si elle retrouve le disparu : « Je ne suis pas une fille d’argent. » Afin d’éviter une trop grande déception chez ses demandeurs, Patricia Fagué s’assure d’avoir un minimum d’éléments pour pouvoir entamer les recherches, mais elle ne suit pas une méthode précise. « Je tape tous azimuts : enquête de voisinage, recherche dans des archives, épluchage de documents administra­tifs… Je déroule la pelote jusqu’à trouver quelque chose », raconte-t-elle. Et, la plupart du temps, cela marche : « Dans 95 % des cas, la personne retrouvée réagit positiveme­nt. Celui qui l’a recherchée éprouve un soulagemen­t. Car le pire était de ne pas savoir pourquoi son frère avait disparu ou pourquoi sa mère l’avait abandonné. » Une fois l’enquête terminée, Patricia Fagué a rarement des nouvelles de ses demandeurs. Sans en prendre ombrage : « Ce qui compte pour moi, c’est de réparer les gens et qu’ils puissent aller de l’avant. »

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Patricia Fagué refuse d’enquêter pour des histoires de vengeance, d’héritage.

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