20 Minutes (Toulouse)

La France insoumise tourne le dos au PCF et capitalise à fond sur la présidenti­elle

Faute d’accord, le PCF et FI feront campagne à part

- Laure Cometti

Après des mois d’une entente parfois difficile, le divorce est acté : le Parti communiste (PCF) et La France insoumise (FI) n’ont pas trouvé d’accord pour les législativ­es des 11 et 18 juin. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, quatrième homme de la présidenti­elle qui mise sur son score historique (19,58 %), peut-il en pâtir? « Le PCF se trouve aujourd’hui dans une situation de relative marginalit­é politique. Il conserve des élus locaux dans quelques territoire­s, dont le Val-deMarne, un certain nombre de communes de banlieue parisienne et des grandes agglomérat­ions, mesure Henri Rey, politologu­e et directeur de recherche FNSP au Cevipof. Il y a donc un communisme municipal qui n’a pas disparu, mais qui s’est réduit aux dernières élections et se trouve très émietté. » Cet « émiettemen­t » du PCF et sa « diversité interne » se sont d’ailleurs déjà traduits par plusieurs ralliement­s d’élus communiste­s, qui ont signé ou vont signer la charte FI pour les législativ­es, nous affirme Eric Coquerel, coordinate­ur du Parti de gauche et soutien de Jean-Luc Mélenchon.

Pas d’ancrage local

Est-ce à dire que cette rupture ne pose pas problème à La France insoumise? « Si, ce n’est jamais un plaisir de ne pas trouver d’accord, répond Eric Coquerel. On a fait cette campagne présidenti­elle ensemble, on a créé le Front de gauche avec eux en 2012. Mais cette propositio­n d’accord national, c’était surtout de la communicat­ion. Quant à un accord de désistemen­t partiel, nous étions d’accord, mais le PCF n’a pas donné le change. » Un accord avec le PCF auraitil néanmoins pu avantager La France insoumise ? « Ce mouvement n’a pas un réseau d’élus sur lequel s’appuyer pour ces scrutins où la dimension locale est importante, pointe Henri Rey. Il faudrait 577 “petits Mélenchon”. Mais il compte sur la dynamique de sa performanc­e électorale à la présidenti­elle. » Un postulat qui n’avait pas porté les fruits espérés en 2012, à l’époque du Front de gauche. « La stratégie de Jean-Luc Mélenchon, c’est une machine à perdre », estime pour sa part un bras droit de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF cité par Europe 1. Autre potentiel obstacle pour les mélenchoni­stes : les voix d’électeurs socialiste­s engrangées à la présidenti­elle se reporteron­t-elles vers le PS aux législativ­es ? « Les notables et les réseaux locaux ont une influence pour ce scrutin. On n’observera probableme­nt pas le même phénomène qu’à la présidenti­elle, estime Henri Rey. Mais il est très dur de faire revenir des électeurs qui sont partis. » Enfin, Jean-Luc Mélenchon se lance aussi un défi personnel pour ce scrutin, puisqu’il sera candidat dans les Bouches-du-Rhône, où il n’a pas d’ancrage local. Il a toutefois porté son choix sur la 4e circonscri­ption de Marseille, où il obtenu plus de 39 % des voix au premier tour de la présidenti­elle.

 ??  ??
 ??  ?? Jean-Luc Mélenchon (FI) et Pierre Laurent (PCF), le 24 février 2017.
Jean-Luc Mélenchon (FI) et Pierre Laurent (PCF), le 24 février 2017.

Newspapers in French

Newspapers from France