Fan un jour, fan toujours

« J’assiste à chaque édition depuis 2011, en Allemagne », détaille d’emblée le trentenaire, venu d’Atlanta. En 2002, « je vivais en Croatie et, pendant un karaoké chez un ami, une chanson que je n’avais jamais entendue passe, raconte-t-il. Je lui demande : “Qu’est-ce que c’est que ça ?!” Mon pote me répond : “C’est le morceau de l’Islande à l’Eurovision 2000.” Et moi : “Qu’est-ce que c’est que ça ?!” Dans la foulée, j’ai regardé quelques vidéos et c’est comme cela que je suis tombé dedans. » Kyle a rejoint l’Organisation générale des amateurs de l’Eurovision Rest of The World (pour les pays ne participant pas au concours). Parmi tous les adhérents, selon lui, on compte 20 à 25 Américains… A quelques mètres de là, côté salle de presse, William Lee Adams s’installe derrière un ordinateur. Le créateur de Wiwibloggs, le site de référence du concours, s’apprête à livrer ses comptes rendus du jour. Le journaliste de 35 ans, originaire de l’Etat de Géorgie, est devenu en une demi-douzaine d’années un expert de l’événement. A 24 ans, alors que William est à Londres, son compagnon, devenu depuis son mari, lui présente le concours. « Il m’a dit : “Tu aimes le patinage artistique, les concours de beauté et les télécrochets : tu aimeras l’Eurovision.” J’étais sceptique, mais j’ai regardé, se souvient-il. C’était l’année où la Serbie a gagné avec “Molitva”. Qu’une chanteuse lesbienne d’origine tzigane s’impose devant Verka Serduchka, une drag-queen ukrainienne ressemblant à l’homme de fer-blanc du Magicien d’Oz… j’ai instantanément adoré! » s’emballe-t-il en se remémorant cette épiphanie. La victoire serbe, c’est aussi ce qui a convaincu Danielle, 29 ans, que « l’Eurovision avait quelque chose de spécial », alors que la victoire des hardrockeurs finlandais de Lordi un an plus tôt lui avait fait penser que tout ça « n’était qu’une grosse blague ». Cette jeune femme n’a pas pu se déplacer à Kiev, mais assister en live au concours est sur sa « liste des choses à faire avant 2020 ». Par mail, elle nous raconte avoir entendu parler de l’Eurovision en 2006, sur un forum consacré au patinage artistique. Cette année encore, elle suit le concours chez elle, à Rapid City (Dakota du Sud).