En ordre de marche !
Bruno Le Maire, François Bayrou, Jean-Yves Le Drian et Gérard Collomb ont hérité de grands ministères, mercredi. Des choix stratégiques de la part du président Macron avant de mener la bataille des législatives.
Cette liste, on l’attendait un peu comme celle d’un sélectionneur des Bleus avant une Coupe du monde de football. Finalement, l’équipe du Premier ministre alterne poids lourds aux postes clés et société civile, avec pour objectif d’obtenir une majorité aux législatives de juin. « Les promesses sont tenues, s’enthousiasme Aurore Bergé, soutien de Macron et candidate La République en marche dans les Yvelines. Quant au renouvellement, à la diversité politique, à l’introduction de la société civile [11 membres sur 23] et à la parité, le président a tenu parole sur les objectifs fixés. » Mais la réalité est plus nuancée. Candidat, Macron promettait que son équipe serait composée « pour moitié de femmes, y compris à des ministères de premier plan ». La parité stricte est respectée (11 femmes, 11 hommes sans compter le Premier ministre), mais les trois ministères d’Etat sont donnés aux hommes et seul un ministère régalien sur quatre est dirigé par une femme, Sylvie Goulard, aux Armées. « C’est un gouvernement à deux facettes : des vieux routiers de la politique – Le Drian, Collomb, Bayrou – et des professionnels de la société civile, comme Macron s’y était engagé, avec une éditrice à la Culture, un médecin à la Santé… » note le politologue Eddy Fougier.
« Le gouvernement sera difficile à attaquer. » Eddy Fougier, politologue
Dans la perspective des législatives, l’alliage politique de cette équipe n’est pas anodin : quatre socialistes (dont deux avaient rejoint En marche !), deux radicaux de gauche, trois centristes, trois LR, et un symbole écolo avec Nicolas Hulot (lire ci-contre). Pour le politologue, les maigres prises à droite devraient déstabiliser LR. « Le gouvernement sera difficile à attaquer. La droite tient Matignon et Bercy [avec Bruno Le Maire]; Jean-Michel Blanquer, à l’Education, est un proche de Baroin; Collomb et Bayrou pourront difficilement être taxés de laxisme à l’Intérieur et à la Justice. » Bernard Accoyer, secrétaire général du parti, a, lui, tranché : ceux qui ont rejoint le gouvernement « ne font plus partie des Républicains ».