Leucémie et trou de souris
Des rongeurs pourraient permettre de prédire les rechutes
Quelque 3 500 cas de leucémie aiguë sont diagnostiqués chaque année en France, engageant d’autant plus le pronostic vital des patients qu’ils sont une majorité à rechuter. Jusqu’à présent, l’explication de ces récidives la plus répandue incriminait les cellules souches cancéreuses, soupçonnées de résister à la chimiothérapie.
Des souris « compagnons »
Mais il y a sept ans, un chercheur toulousain a voulu en avoir le coeur net. Jean-Emmanuel Sarry, du Centre de recherches en cancérologie de Toulouse (Inserm), en collaboration avec Christian Récher, hématologue à l’Oncopole, a démarré une expérimentation innovante. Il a greffé les cellules de 25 patients atteints de leucémie aiguë sur des souris « compagnons ». Elles ont reçu le même traitement que leurs modèles humains et suivi en accéléré la même évolution dans la maladie. Et les analyses biologiques menées sur ces rongeurs ont montré que les cellules-souches ne résistaient pas nécessairement à la chimio, battant en brèche les idées reçues. Les résultats que l’équipe vient de publier dans la revue internationale Cancer Discover révèlent aussi qu’elle a découvert un autre type de cellules leucémiques qui, elles, résistent. Elles se distinguent par une hyperactivité énergétique et pourraient être à l’origine des rechutes. L’étude de ces cellules, et de la façon de les inhiber, ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques pour la leucémie. Mais les Toulousains ont aussi l’idée inédite de généraliser le système des souris « compagnons ». « Pour chaque patient, une souris “compagnon” serait créée, permettant aux cliniciens d’anticiper l’évolution de la maladie et idéalement de prédire les rechutes », s’enthousiasme JeanEmmanuel Sarry.