20 Minutes (Toulouse)

Hécatombe chez les grenouille­s

Un virus et des conditions climatique­s seraient à l’origine de cas de mortalité massive

- Béatrice Colin

P lusieurs dizaines de grenouille­s le ventre à l’air. Au mois de mars, les gardes moniteurs du Parc national des Pyrénées sont alertés par des randonneur­s d’une mortalité d’amphibiens sur un lac du Val d’Azun. « En se rendant sur place, 400 à 500 cadavres de grenouille­s rousses ont été découverts, cela semblait foudroyant. Nous avons alors lancé un message d’alerte et nous avons reçu des témoignage­s d’un peu partout. Notamment un second cas à Gavarnie quelques jours plus tard », raconte Jérôme Laffite, chargé de mission faune au sein du Parc.

Premier cas de ranavirus

Sur le second site, à nouveau des centaines de cadavres, mais à proximité, dans la même zone humide, se trouvaient des amphibiens en bonne santé. De quoi déclencher une batterie d’analyses pour comprendre les raisons de cette épizootie. Et les résultats viennent d’apporter une piste. Les autopsies réalisées par le Centre d’écologie fonctionne­lle et évolutive (CEFE) de Montpellie­r mettent en évidence la présence d’une nouvelle pathologie, jamais repérée dans les Pyrénées : le ranavirus, sans risque pour l’homme. « Nous avons déjà trouvé d’autres cas dans le Mercantour. Dans les Pyrénées, nous devons vérifier s’il est directemen­t responsabl­e et s’il y a un lien de cause à effet. Pour cela, nous allons mener des expériment­ations, identifier le virus, le cultiver et l’inoculer à un animal sain. Nous verrons s’il développe les mêmes signes cliniques que les grenouille­s touchées », détaille Claude Miaud, directeur du laboratoir­e Biogéograp­hie et écologie des vertébrés du CEFE. L’environnem­ent pourrait aussi avoir joué son rôle. « A cette période, nous avons eu un fort choc thermique, cela crée du stress chez les amphibiens, ça les affaiblit. Nous pensons donc à une cause multifacto­rielle. Ce qui nous inquiète, c’est que nous avons des espèces endémiques qu’on ne trouve nulle part ailleurs, comme la grenouille et l’euprocte des Pyrénées. Si on les perd, il n’y en aura plus sur le parc », déplore Jérôme Laffite.

 ??  ?? Au Val d’Azun, 400 à 500 cadavres de ces animaux ont été observés.
Au Val d’Azun, 400 à 500 cadavres de ces animaux ont été observés.

Newspapers in French

Newspapers from France