Kiddy Smile, un artiste à queer ouvert
L’artiste joue samedi soir au festival Loud & Proud, à la Gaîté lyrique, à Paris
«L oud & Proud » (« Fort et fier », en VF). C’est le nom du festival dédié aux cultures et identités queer dont la deuxième édition rythme la Gaîté lyrique (Paris 3e) depuis jeudi et jusqu’à dimanche à l’aube. Deux qualificatifs qui pourraient parfaitement définir Kiddy Smile, qui se produira lors d’un live samedi à 22 h 20. L’artiste de 29 ans assume et cultive ses contrastes. Sa carrure est impressionnante, mais lorsqu’on le rencontre à la terrasse d’un restaurant parisien, il impose sa douceur tranquille. Quand on lui demande s’il valide le qualificatif d’artiste queer, il rétorque sans agacement : « Je me définis comme un artiste de house music. Queer est limitatif. Dans ce cas, pourquoi s’arrêter là et me définir comme Noir, aux yeux marrons, mesurant 1,98 m? »
« Je voulais montrer à quoi ressemblerait une société où tu peux être toimême où tu veux. »
Queer, signifiant « bizarre », était aux XIXe siècle une injure fréquemment crachée au visage des homosexuels; plus de cent ans plus tard, il est devenu un terme étendard d’une identité. Kiddy Smile relate son parcours par ellipses. « J’étais un jeune qui traînait en bas de son quartier [dans une cité de Rambouillet]. On me disait tellement que j’étais grand qu’il fallait que j’en fasse quelque chose. Alors j’ai choisi le volley. J’étais très bon, mais ça ne m’intéressait pas beaucoup. » Il lâche la balle pour se mettre à la danse. A 18 ans, il apparaît dans un clip de George Michael. « J’avais conscience qu’il s’agissait d’un artiste majeur, mais je me demandais ce que je faisais là », glisse-t-il. Quelques années plus tard, il se consacre à la musique.
S’exposer sans entraves
Après avoir déchiré son contrat avec le label qui devait sortir son premier album pour cause de divergences artistiques, il a tracé son sillon. Le grand public a pu l’apercevoir cet hiver dans « Quotidien », sur TMC, lorsque Kiddy Smile a chanté « Let a B!tch Know ». Ce passage télé a eu un impact au sein de la communauté homo : « Les Blancs me disaient qu’ils trouvaient ça super, les personnes de couleur m’ont dit merci, car elles ont pu voir une représentation d’elles-mêmes. » Le pouvoir de l’image, il en a conscience : « Mes morceaux parlent d’amour, ils ne sont pas politiques dans leur construction, mais les visuels le sont. » La preuve avec le clip de « Let a B!tch Know », tournée dans la cité des Alouettes, à Alfortville : aux pieds des HLM, les attitudes fières délogent les postures machos, les identités LGBT s’exposent sans entraves. « Je voulais faire un clip montrant à quoi ressemblerait une société où tu peux être toimême où tu veux », résume-t-il.