L’avocate générale requiert la prison à perpétuité
L’avocate générale a requis la peine de prison à perpétuité à l’encontre d’Abdelkader Merah
«Abdelkader Merah a fabriqué Mohamed Merah. » Lundi, devant la cour d’assises spéciale de Paris, au terme de quatre semaines de procès, l’avocate générale, Naïma Rudloff, a requis une peine de prison à perpétuité assortie de vingt-deux ans de sûreté contre l’accusé dépeint comme « l’idéologue », le « savant », le « sachant » et le complice des meurtres de son frère. Une peine de vingt ans de prison assortie d’une période de sûreté aux deux tiers a été requise à l’encontre de Fettah Malki, accusé d’avoir vendu les armes, le gilet pare-balles et les munitions à Mohamed Merah. Ni lyrisme ni compassion. Avant de démontrer la « dissimulation » supposée d’Abdelkader Merah, la représentante du ministère public a exhorté les six magistrats chargés de juger les accusés à « remettre le procès à l’endroit ». « La justice n’a pas fait “un prix de gros” à Fettah Malki et Abdelkader Merah. Le complice, c’est celui sans lequel l’action ne peut pas se faire », a-t-elle lancé en amont, redéfinissant l’implication respective des accusés dans le dossier. « Deux types de complicités sont reprochés à Abdelkader : l’autorité morale qu’il dégage et les recommandations logistiques données pour agir », développe-t-elle. Quant à « Malki, c’est simple, il est sans foi, sans loi, sans morale (…) Tout ce qui compte, c’est que ça rapporte. »
Des zones d’incertitude
Le réquisitoire a été accueilli par des applaudissements sur les bancs des parties civiles, mais un sentiment d’inachevé subsiste. A plusieurs reprises, l’avocate générale a concédé des incertitudes sur le degré d’implication d’Abdelkader Merah, comme au sujet des e-mails envoyés par Mohamed Merah depuis le Pakistan avant de pénétrer dans les zones tribales tenues par les talibans : « Il cherche absolument, à l’occasion d’au minimum sept mails, à contacter Abdelkader Merah. » Mais l’échange n’aboutira pas et les enquêteurs ne sauront jamais pourquoi le terroriste voulait, à ce moment précis, parler à son frère. La magistrate a tenu à conclure son réquisitoire sur une ultime interrogation : « Il existe une question à laquelle aucun savant au monde ne pourra répondre, monsieur Abdelkader Merah. Est-il le frère d’un martyr ou est-il le complice d’un assassin de militaires, d’un homme et d’enfants ? Dans notre démocratie, c’est la justice qui apportera cette réponse. » Verdict jeudi.