Une série dans l’histoire
« Un village français », dont la septième et dernière saison débute ce soir sur France 3, dépeint avec subtilité l’Occupation au quotidien. Au point d’intéresser même les historiens.
A u revoir, Villeneuve ! France 3 diffuse ce jeudi à 20 h 55 le premier des six derniers épisodes d’« Un village français ». Ses héros, vieillis, doivent désormais rendre des comptes. En sept saisons, cette fiction a dépeint le quotidien d’une sous-préfecture du Jura de 1939 à 1945. Au point d’intéresser les historiens. Alors, quelle place la série occupera-t-elle dans l’histoire ?
Une gigantesque somme. Même s’« il est un peu tôt pour le dire », avec ses « 72 épisodes », cette fiction fait figure de « petit miracle », estime l’historienne Marjolaine Boutet, auteure d’Un village français, une histoire de l’Occupation (La Martinière). Les oeuvres télévisuelles sur la Seconde Guerre mondiale se concentrent généralement « sur des moments plus restreints ».
Une leçon d’empathie. A la différence du téléfilm « Jean Moulin », « tout est inventé ». Grâce à cela, le spectateur peut « plus facilement s’identifier au personnage de Marie qu’à Jean Moulin. » Autre force, cette série chorale moderne « ne juge pas mais invite le spectateur à se demander : “Et moi, qu’aurais-je fait dans cette situation ?”» se réjouit la chercheuse. Pas de gentils, pas de méchant, mais « des gens qui ont vécu ».
Une oeuvre intemporelle. « Cette série a un caractère intemporel, tout en étant d’actualité. La justesse historiographique et psychologique fait qu’elle parle », juge l’historienne. Cette dernière saison parle de « mémoire, de souvenirs » au travers des discussions entre différentes générations : « Cela touche à notre intime. » Après les flash- back, les flashforeward de ces derniers épisodes « font le lien avec nous et nous rappellent qu’il s’agit de notre histoire ».
Un document historique. « Une série, comme toute production humaine, est un document historique », explique l’historienne. « Un village français » révélera aux futures générations « la façon dont on voit l’Occupation en France dans les années 2000 et 2010 », mais aussi « les sujets qui nous préoccupent ». « Un village français » parle de nous. « La série s’intéresse peu au catholicisme parce que la France est déchristianisée. Les liens entre De Gaulle et les communistes, cela nous titille un peu plus », commente l’experte. C’est parce qu’“Un village français” est « le produit de son époque » que cette série « a autant de succès ».