Des volontaires défient les effets de l’impesanteur
Des volontaires participent jusqu’au mois de décembre à une campagne « Bedrest »
Ils ne verront jamais la Terre depuis le ciel. Et pourtant, Gaël, Mathieu et huit autres hommes vivent depuis plusieurs jours dans les conditions d’un vol habité et travaillent pour le Cnes et l’Agence spatiale européenne. Mais leur horizon se limite aux murs de la clinique spatiale du CHU de Rangueil (Medes). Ces volontaires participent depuis le mois de septembre à une campagne « Bedrest » baptisée « Cocktail ». Ces études d’alitement consistent à reproduire les effets indésirables de l’impesanteur sur le corps humain pour mieux les comprendre et donc mieux les endiguer.
Tous ont été d’accord pour faire avancer la science. « J’ai toujours été passionné par ce qui se passe dans l’espace. Je suis étudiant et ma thèse porte sur la cohabitation dans le voyage spatial au cinéma, c’était donc pertinent de le faire », avance Mathieu, un Bordelais de 33 ans, allongé depuis 55 jours. Ce dernier ne cache pas que l’indemnisation de 16000 € versée sur quatre ans a été aussi l’une de ses motivations. Car durant trois mois, comme n’importe quel astronaute, il est coupé de sa famille, relié à ses proches uniquement par Skype et le téléphone. Une semaine avant de retrouver le plancher des vaches, Mathieu trouve toujours un intérêt à cette expérience. « Vous ne pourrez pas avoir un check-up plus complet et c’est enrichissant, on apprend plein de choses lors de nos échanges avec les médecins. Le bénéfice est aussi personnel sur ce que l’on peut apprendre sur soi », relève-t-il.
Booster les muscles
Ce sportif a perdu de la masse musculaire, l’un des effets indésirables de l’impesanteur. Pour essayer de les limiter, des contre-mesures sont étudiées. Celle de cette campagne consiste à faire ingérer un cocktail d’antioxydants et d’anti-inflammatoires. « Dans les années 2000, les contre-mesures étaient très centrées sur l’exercice physique. Mais sur des vols longs, cela ne sera pas suffisant. Depuis dix ans on regarde ce qui peut-être fait pour modifier les choses au niveau de l’alimentation », explique Marie-Pierre Bareille, responsable de l’étude.