La BD a son mot à lire
La bande dessinée est à l’honneur au salon du livre de Montreuil. Très appréciées des enfants, les bulles nécessitent une lecture exigeante, qui peut ouvrir à d’autres genres littéraires.
Un espace entier consacré à « Tom-Tom et Nana » et « Titeuf », des rencontres avec des auteurs à succès, une soirée spéciale… Au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil (Seine-Saint-Denis), qui ouvre ses portes ce mercredi, la BD sera encore à l’honneur. N’en déplaise aux parents qui s’inquiètent de voir leurs enfants lire exclusivement ce type d’ouvrages. Pourtant, « il vaut mieux qu’un enfant lise des BD ou des magazines, plutôt qu’il ne lise rien du tout », souligne Mina Bouland, responsable de la commission jeunesse à l’Association des bibliothécaires de France. D’autant que la BD est loin d’être un sous-genre littéraire : elle est même considérée comme le 9e art par certains intellectuels.
Une pratique exigeante
La lecture d’une BD est beaucoup plus exigeante qu’il n’y paraît, insiste de son côté Sylvie Vassallo, la directrice du salon du livre de Montreuil. « Il faut à la fois que l’enfant lise case par case pour ne pas se perdre dans l’histoire, mais qu’il ait aussi une capacité de compréhension globale de l’intrigue. » « Il doit être attentif à l’univers graphique et décrypter les phrases. Ce “travail” lui demande un gros effort de concentration, qui est manifeste quand on le regarde. Car, lorsqu’il dévore une BD, il est totalement absorbé par sa lecture », renchérit Mina Bouland. Développer son sens artistique, se construire un imaginaire… Les bienfaits de la BD sont nombreux, et aujourd’hui exploités par certains enseignants, qui n’hésitent plus à faire découvrir à leurs élèves le musée de la Bande dessinée ou le festival d’Angoulême. « Un enfant peut passer ensuite par la lecture de romans graphiques ou de romans “premières lectures”, comprenant des images », constate Sylvie Vassallo. Et de poursuivre : plus tard, « le parent peut initier son enfant au roman, d’abord en lui en lisant un à haute voix ». Faire une pause à chaque chapitre pour en discuter avec lui est aussi un bon moyen de vérifier certains points de l’intrigue qui lui auraient échappé. Enfin, il revient aux libraires et bibliothécaires d’aider les enfants à élargir leur spectre littéraire. « Mais sans jamais rien leur imposer, car la lecture ne peut pas être une obligation », estime Mina Bouland.