Comment lâcher le glyphosate avant l’Europe ?
La France veut se passer du pesticide d’ici trois ans
La France serait décidée à faire cavalier seul dans le dossier du glyphosate. Alors que les Etats membres de l’Union européenne se sont entendus lundi pour renouveler la licence commerciale de l’herbicide controversé pour cinq ans, Emmanuel Macron, lui, garde le cap d’une sortie d’ici trois ans. Mais comment s’y prendre ? En interdisant la molécule qui restera autorisée ailleurs en Europe? « Techniquement, c’est possible, répond Eric Thirouin, président de la commission environnement de la FNSEA. Chaque produit utilisant du glyphosate [comme le Roundup, le produit phare de Monsanto] doit obtenir une autorisation de mise sur marché de la part des pays où il souhaite être distribué. J’imagine que c’est sur ce point que la France veut jouer. » La direction du syndicat agricole majoritaire, en tout cas, s’y oppose fortement, restant très attachée à un herbicide aussi efficace que son prix est modeste. « Une sortie du glyphosate engendrerait pour l’agriculture française un surcoût de deux milliards d’euros par an, mais aussi une perte de compétitivité chez de nombreux agriculteurs. » Les intéressés, eux, ne partagent pas tous le même son de cloche. La Confédération paysanne voit ainsi d’un bon oeil les annonces d’Emmanuel Macron, confortée par des expériences telles les fermes Dephy. Lancé en 2009, ce réseau rassemble aujourd’hui 3000 exploitations qui « ont réussi, de manière volontaire, à réduire de 10 à 20 % l’usage de pesticides », relatait fin octobre Eric Millet, chef du projet Dephy Ecophyto, sur le site du ministère de l’Agriculture. « Moins de pesticides ne veut pas forcément dire moins de rentabilité », retient Matthieu Orphelin, membre LREM de la mission d’information sur les pesticides à l’Assemblée. « Personne ne dit que ce sera facile, admet Jean-Claude Bevillard, responsable des politiques agricoles de France nature Environnement. Mais d’autres solutions agronomiques existent. »
« Moins de pesticides ne veut pas dire moins de rentabilité. » Matthieu Orphelin, député LREM