La « faute lourde » de l’Etat
Un suicide. Voilà la piste qu’a longtemps suivie la justice après la décou-
verte du corps d’Hadja Benyoucef, en novembre 1987, dans son appartement toulousain. Elle avait une couche enfoncée dans la bouche, un couteau en travers de la gorge et un cordon de douche qui l’étranglait… Cette erreur d’appréciation à la base est probablement l’un des éléments qui a conduit le tribunal civil de Toulouse à pointer une « faute lourde de l’Etat ». Une décision qui va permettre d’indemniser la famille pour trente ans de calvaire judiciaire.
Décision « courageuse »
Au tout début, un homme a été inquiété puis relâché. Le dossier Hadja a ensuite été rouvert en 2002 dans le cadre de l’affaire Alègre, quand les gendarmes se sont intéressés aux meurtres de femmes non résolus. La piste du tueur en série a été refermée, mais le rebondissement a permis l’exhumation du corps en 2004 et de refermer définitivement la piste du suicide. Enfin, l’homme déjà entendu a été renvoyé devant les assises pour meurtre. Mais la procédure a été purement et simplement annulée pour vice de procédure. Les enfants et la soeur d’Hadja ne connaîtront probablement jamais la vérité. Le montant de leur indemnisation n’a pas été dévoilé. Mais « ce n’est pas l’argent qui intéresse mes clients, souligne Kamel Benamghar, l’avocat de la famille. Elle voulait que la faute lourde soit reconnue, ce qui est le cas ». Il qualifie la décision du tribunal d’« importante et courageuse ».