La justice par caméra interposée
Des avocats protestent contre les audiences par visioconférence en centre de rétention
L ’organisation de comparution de migrants retenus au centre de détention de Cornebarrieu par visioconférence a du mal à passer. Une « pratique illégale » selon des associations comme la Cimade ou les syndicats de la magistrature et des avocats de France qui sont montées au créneau dans une lettre ouverte publiée sur le site du Syndicat des avocats de France.
Conditions légales
Entre le 4 décembre et le 16 janvier, quatre personnes étrangères retenues dans un centre ont été présentées à des juges de la cour d’appel de Toulouse et de Bastia par visioconférence. Elles ont assisté à leur propre audience depuis une salle du centre de rétention de Cornebarrieu. « Il y a quelque temps il y avait déjà eu une volonté de faire des audiences à l’intérieur des centres de rétention. Cette nouvelle pratique ne respecte pas les conditions légales. Les deux salles d’audience doivent être ouvertes au public. Or, cela n’est pas respecté puisque l’accès au centre de rétention est difficile et qu’il n’est pas doté d’une salle de justice dédiée », relève Claire Dujardin, membre du Syndicat des avocats de France. Au-delà de cet aspect, elle critique les conditions mêmes du jugement que ce soit au niveau de la compréhension à distance des débats ou encore le fait que l’avocat doive choisir entre être aux côtés de son client ou face au juge. Les justiciables ont le droit de refuser, mais il faut qu’ils en soient informés. « Il y a de plus en plus de personnes en rétention, de plus en plus de problèmes d’escorte, de personnels et de moyens suite à la circulaire Collomb. Dans ces conditions, il n’est pas possible de juger ou défendre correctement », s’insurge l’avocate.