Orelsan dans les starting-blocks pour une Victoire
Le rappeur est nommé dans trois catégories aux Victoires, qui ont lieu ce vendredi soir
S on album La fête est finie, triple disque de platine, s’est déjà vendu à 370 000 exemplaires. Ce vendredi, Orelsan est présenté comme le grand favori de la 33e cérémonie des Victoires de la musique. Il cumule trois nominations : artiste masculin de l’année, album de musiques urbaines et création audiovisuelle. 2018, année de la consécration pour Orelsan? En tout cas, la fête n’est pas finie pour le Normand. Ses potes et collaborateurs nous aident à percer le mystère Orelsan.
Humour et profondeur
« Orelsan a été pour moi une vraie claque artistique comme on n’en a pas souvent, se remémore Stéphane Espinosa, qui a découvert l’artiste avec son MySpace et l’a signé il y a dix ans chez Wagram. Son écriture mélangeait humour, profondeur, modernité. Il parlait des gens dont personne ne parlait, de la province, de la classe moyenne. » Sa province, c’est Caen, où dès la fin des années 1990, Aurélien Cotentin, de son vrai nom, balance ses premières punchlines et raconte les états d’âme de sa « génération Game Boy [qui] sniffe plus de lignes qu’à “Tetris” », tel qu’il le racontera plus tard dans « Changement », l’un des titres de son premier album Perdu d’avance (2009).
Eternel entre-deux
Son deuxième album, sorti en 2011, propulse Orelsan sur le devant de la scène. L’artiste, assagi, conserve néanmoins un malin plaisir à marier les rimes trash. Mêlant des chansons corrosives comme « Suicide social » et des titres plus mainstream comme « La terre est ronde », Le Chant des sirènes obtient la Victoire de l’album de musiques urbaines. Orelsan impose sa patte, sorte de fragile équilibre entre indolence et provocation, sensibilité et egotrip. « Orel a l’art de se magnifier, puis de se saboter juste derrière, analyse Gringe, son acolyte des Casseurs Flowters. Il a des failles narcissiques qu’il a comblées avec la musique, mais il a aussi beaucoup d’autodérision. » Le point fort de l’artiste ? Ne jamais être là où on l’attend. « Il balance plein d’idées et n’hésite pas à passer d’un univers à un autre, explique Lio du duo Greg & Lio, les réalisateurs du clip de “Basique” nommés aux Victoires. » D’où le succès de ce troisième album, mi-rappé, mi-chanté, synthèse de son âme d’ado et de ses tourments d’adulte. Comme bloqué dans un éternel entredeux, Orelsan est difficile à cerner. On a même essayé, en vain, d’entrer en contact avec Musashi, son chat adoré pour lequel il achète des mangas de combats de rue de chats. Et si c’était lui, la clé du succès d’Orelsan ? Le mystère reste entier.