20 Minutes (Toulouse)

La peine de Cécile Bourgeon passe de cinq à vingt ans

Cécile Bourgeon a été condamnée à vingt ans de réclusion criminelle en appel

- De notre envoyé spécial au Puy-en-Velay (Haute-Loire), Vincent Vantighem

R enaud Portejoie a toujours eu conscience que sa cliente n’était « pas sympathiqu­e ». L’avocat en a même fait un argument au moment de s’adresser aux jurés, samedi, avant qu’ils ne partent délibérer. « Vous pouvez détester Cécile Bourgeon! Mais vous ne pouvez pas la condamner! » Il n’a pas convaincu. Dimanche, la cour d’assises de la Haute-Loire a condamné la mère de Fiona, comme son ex-compagnon Berkane Makhlouf, à vingt ans de réclusion criminelle pour les coups ayant entraîné la mort de la fillette sans intention de la donner, en mai 2013. Acquittée des faits criminels en première instance en 2016 (mais condamnée à cinq ans pour non-assistance à personne en danger notamment), la trentenair­e a, cette fois-ci, écopé d’une lourde peine qu’elle doit autant à son attitude qu’à une lecture juridique différente du dossier. Les jurés ont en effet estimé qu’il n’était pas nécessaire de savoir lequel des deux accusés avait porté les coups mortels à la fillette pour les condamner « en réunion ». « Un coup plus un coup, ça tue !, avait résumé l’avocat général dans ses réquisitio­ns. Nul besoin de savoir qui a frappé le dernier. »

Une accusée irritante

Dans ce huis clos sordide, les deux extoxicoma­nes n’ont eu de cesse de se rejeter la faute, prétendant tour à tour n’avoir jamais levé la main sur Fiona, 5 ans. Si le jury de première instance avait estimé que Cécile Bourgeon ne pouvait être condamnée sur la foi des « déclaratio­ns tardives et variables » de son ex-compagnon, celui du Puy-en-Velay a, lui, estimé le contraire. Extirpant les P.-V. d’audition du volumineux dossier, Raphaël Sanesi de Gentile, l’avocat général, a expliqué que Berkane Makhlouf avait parlé, dès 2014, des « coups de pompe et des claques » infligés par son ex-compagne à « la chair de sa chair ». Un verdict de cour d’assises se fonde aussi sur la personnali­té des accusés. Et celle de Cécile Bourgeon ne l’a pas aidée à recouvrer la liberté. Agaçante, irritante, cassante, elle a passé son temps à pourrir l’audience, allant même jusqu’à bouder deux journées entières de procès. Les jurés n’ont sans doute pas fait abstractio­n non plus des doutes entourant l’amnésie dont elle dit souffrir au sujet du lieu où elle assure avoir enterré sa fillette, « nue et sans même un doudou », et qui n’a jamais été découvert. Dès que le verdict a été rendu, Cécile Bourgeon a indiqué qu’elle comptait se pourvoir en cassation dans le but d’obtenir un nouveau procès.

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Cécile Bourgeon, la mère de Fiona, lors de son premier procès, en 2016.

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