L’Etat appelé à l’aide
Submergées par les appels téléphoniques, les associations d’aide aux victimes demandent plus de moyens au gouvernement pour les défendre au mieux.
L ’onde de choc de l’affaire Weinstein a provoqué une libération de la parole. Tant et si bien que les plaintes pour agression sexuelle, par exemple, ont augmenté de 31,5 % au dernier trimestre par rapport à 2016, selon le ministère de l’Intérieur. Pour les associations d’aide aux victimes, les conséquences ont été immédiates et très concrètes. Le 31 janvier, l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) a ainsi annoncé devoir fermer son écoute téléphonique. « Toutes les salariées sont des militantes compétentes, qui font toujours passer l’intérêt des victimes avant le leur », souligne Marylin Baldeck, déléguée générale de l’association. Mais, « malgré des efforts intenses, on n’arrive plus à faire face ». Le constat est similaire au sein du Collectif féministe contre le viol, ajoute sa présidente, Emmanuelle Piet : « Je vois des femmes qui ont été victimes de viol il y a très longtemps et qui arrivent à en parler maintenant (…). Les écoutantes ont même fait du bénévolat ce weekend. »
Rencontres ministérielles
Pour faire face à l’afflux de sollicitations, plusieurs associations interpellent l’Etat pour voir si les promesses seront suivies de moyens. Le Collectif féministe contre le viol est en train de négocier une nouvelle convention, et espère une augmentation de budget de 40000 € pour pouvoir engager une ou deux écoutantes supplémentaires. « En 2016, on tirait déjà la langue, constate la déléguée de l’AVFT. Si le président [Macron] veut réellement faire du harcèlement sexuel une priorité, cela suppose un sursaut politique majeur pour que les associations, les services de l’Etat et le Défenseur des droits puissent répondre à davantage de victimes. » Après douze ans sans un centime de plus pour l’écoute dans ces deux associations, l’espoir est immense. Marlène Schiappa a annoncé lundi dernier avoir missionné des experts pour étudier les subventions aux associations qui luttent contre les violences sexistes et sexuelles. Emmanuelle Piet doit rencontrer ce lundi la secrétaire d’Etat, l’AVFT le fera mercredi. « Pour nous, c’est un moment historique que l’Etat ne peut pas se permettre de rater, tranche Marilyn Baldeck. Il y a une énorme attente de la part des femmes en général et des victimes de violences sexuelles en particulier. Il ne faut pas que les plaintes supplémentaires se transforment en dossiers sans suite. Et ce n’est pas qu’une question de preuve, mais aussi de qualité d’enquête, donc de moyens et donc de volonté politique. »