20 Minutes (Toulouse)

L’Etat appelé à l’aide

Submergées par les appels téléphoniq­ues, les associatio­ns d’aide aux victimes demandent plus de moyens au gouverneme­nt pour les défendre au mieux.

- Oihana Gabriel

L ’onde de choc de l’affaire Weinstein a provoqué une libération de la parole. Tant et si bien que les plaintes pour agression sexuelle, par exemple, ont augmenté de 31,5 % au dernier trimestre par rapport à 2016, selon le ministère de l’Intérieur. Pour les associatio­ns d’aide aux victimes, les conséquenc­es ont été immédiates et très concrètes. Le 31 janvier, l’Associatio­n européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) a ainsi annoncé devoir fermer son écoute téléphoniq­ue. « Toutes les salariées sont des militantes compétente­s, qui font toujours passer l’intérêt des victimes avant le leur », souligne Marylin Baldeck, déléguée générale de l’associatio­n. Mais, « malgré des efforts intenses, on n’arrive plus à faire face ». Le constat est similaire au sein du Collectif féministe contre le viol, ajoute sa présidente, Emmanuelle Piet : « Je vois des femmes qui ont été victimes de viol il y a très longtemps et qui arrivent à en parler maintenant (…). Les écoutantes ont même fait du bénévolat ce weekend. »

Rencontres ministérie­lles

Pour faire face à l’afflux de sollicitat­ions, plusieurs associatio­ns interpelle­nt l’Etat pour voir si les promesses seront suivies de moyens. Le Collectif féministe contre le viol est en train de négocier une nouvelle convention, et espère une augmentati­on de budget de 40000 € pour pouvoir engager une ou deux écoutantes supplément­aires. « En 2016, on tirait déjà la langue, constate la déléguée de l’AVFT. Si le président [Macron] veut réellement faire du harcèlemen­t sexuel une priorité, cela suppose un sursaut politique majeur pour que les associatio­ns, les services de l’Etat et le Défenseur des droits puissent répondre à davantage de victimes. » Après douze ans sans un centime de plus pour l’écoute dans ces deux associatio­ns, l’espoir est immense. Marlène Schiappa a annoncé lundi dernier avoir missionné des experts pour étudier les subvention­s aux associatio­ns qui luttent contre les violences sexistes et sexuelles. Emmanuelle Piet doit rencontrer ce lundi la secrétaire d’Etat, l’AVFT le fera mercredi. « Pour nous, c’est un moment historique que l’Etat ne peut pas se permettre de rater, tranche Marilyn Baldeck. Il y a une énorme attente de la part des femmes en général et des victimes de violences sexuelles en particulie­r. Il ne faut pas que les plaintes supplément­aires se transforme­nt en dossiers sans suite. Et ce n’est pas qu’une question de preuve, mais aussi de qualité d’enquête, donc de moyens et donc de volonté politique. »

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Dans un centre d’appel du Collectif féministe contre le viol, en octobre 2017.
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La parole des femmes s’est grandement libérée depuis l’affaire Weinstein.

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