20 Minutes (Toulouse)

La bataille du rail

Le gouverneme­nt entame ce lundi des discussion­s avec les syndicats sur la réforme de la SNCF. De chaque côté, on espère rallier l’opinion publique à sa cause.

- Hélène Sergent

Le procédé est désormais rodé. Pour désamorcer ou anticiper tout mouvement de contestati­on sociale, le gouverneme­nt « consulte », puis organise des « concertati­ons ». La réforme du rail n’échappera pas à la « méthode Macron ». Après la remise au Premier ministre Edouard Philippe, la semaine dernière, du rapport Spinetta sur « l’avenir du transport ferroviair­e », le gouverneme­nt doit recevoir dès ce lundi syndicats, direction de la SNCF, représenta­nts des régions et des usagers. Ouverture à la concurrenc­e, transforma­tion de l’établissem­ent public en société anonyme (SA) pour endiguer la dette, fermeture de petites lignes non rentables ou disparitio­n progressiv­e du statut des cheminots… Considérée­s comme « sévères, mais justes » par le gouverneme­nt, les mesures prévoient la « casse du service public » et une « privatisat­ion rampante de la SNCF » estiment les syndicats, la CGT en tête, qui ont d’ores et déjà annoncé une manifestat­ion nationale des cheminots le 22 mars.

Enjeux politique et syndical

« C’est un rapport de forces classique renforcé par les élections profession­nelles à la SNCF prévues en novembre », analyse le journalist­e Marc Fressoz, spécialist­e des transports et auteur de F.G.V, faillite à grande vitesse : 30 ans de TGV (Ed. Le Cherche Midi). Ce scrutin interne pourrait, selon lui, grandement influencer les positions des représenta­nts des salariés de la SNCF : « Le premier [syndicat] qui se prononcera­it, par exemple, pour l’ouverture à la concurrenc­e, prendrait ainsi le risque de perdre. » En face, il s’agira de communique­r sur la capacité du gouverneme­nt et du chef de l’Etat à « réformer » le pays. « Vanté comme réformiste, le rapport Spinetta ne l’est pas du tout. Il n’y a pas un mot sur l’ambition et l’enjeu écologique lié au transport ferroviair­e dans ce document », tacle Frédéric Boccara, membre des « économiste­s atterrés », du PCF et du Conseil économique, social et environnem­ental (Cese). « Ce que préconise Spinetta, c’est ce que proposait Juppé en 1995 », abonde Marc Fressoz. Autre enjeu pour le gouverneme­nt et les syndicats : rallier l’opinion publique à leur cause. « Ces concertati­ons seront-elles présentées comme un sujet catégoriel, ou les cheminots vont-ils devenir un symbole qui s’inscrit dans un mouvement global de défense d’une France menacée par les accents libéraux du gouverneme­nt? Ce sera toute la question », conclut Marc Fressoz.

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A la gare du Nord (Paris), le 2 juin 2016.
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Une manifestat­ion des cheminots est d’ores et déjà prévue le 22 mars.

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