Bellefontaine occupe le terrain face aux dealers
A Bellefontaine, bailleurs et habitants se réapproprient l’espace
Ala sortie du métro Bellefontaine, on aperçoit des bâtiments neufs. Il y a aussi des commerces et de grands espaces verts. Mais ce qui saute surtout aux yeux, ce sont les tags qui s’affichent sur les murs, des flèches qui indiquent les halls d’immeuble où l’on peut trouver de la coke, du shit ou de la weed. Même les tarifs sont affichés. Pour changer l’image du quartier, des bailleurs sociaux (lire l’encadré) ont décidé de s’unir en organisant des pièces de théâtre ou des ateliers au bas des immeubles. « On s’est beaucoup occupé de béton, certainement pas assez des habitants », assure Pascal Barbottin, le directeur général du bailleur Patrimoine. « Travailler avec les habitants, c’est un moyen de valoriser le quartier et d’en parler différemment », enchaîne Jean-Paul Coltat, du groupe des Chalets.
« Occuper le terrain »
Mais aussi de ne pas laisser l’espace public aux seuls dealers. Comme mercredi 21 février, quand plusieurs enfants du Tennis club de Bellefontaine ont investi les espaces verts du cheminement Tintoret à l’occasion des Bell’Olympiades. Ils ont couru, rigolé. En pleines vacances scolaires, leur cacophonie a gêné les guetteurs, visiblement désarçonnés. « Ça s’est dégradé ces dernières années, aujourd’hui ils ne se cachent même plus », déplore Fadilla Bettahrat, une dirigeante du club. Cette quadra a grandi à Bellefontaine et regrette l’époque où il y avait de la mixité sociale, où les profs vivaient là. « Si, en fait il y a de la mixité, chez les gens qui viennent acheter de la drogue », relève-t-elle, ironique. Mercredi, un jeune dealer s’est fait interpeller par la police au milieu des enfants. Une scène quotidienne, selon Fadilla Bettahrat. « Aujourd’hui, beaucoup de jeunes du quartier sont en prison. Ce sont des personnes sans papier, qui ont besoin de gagner de l’argent, qui viennent faire le guet pour 150€ par jour », raconte-t-elle. Mais cette habitante ne veut pas être fataliste. Elle croit aux projets lancés en concertation avec les bailleurs. « Cela permet d’occuper le terrain », souligne-t-elle. Et c’est déjà ça.