La formation professionnelle en quête d’égalité
Les femmes subissent trop de discriminations lors de leur formation
Dès l’école, les femmes font face à des barrières à la formation.
L e gouvernement lance les grands travaux de la formation professionnelle, avec Muriel Pénicaud en chef de chantier. Jeudi, la ministre du Travail s’est montrée mesurée sur l’ampleur de la réforme proposée par les partenaires sociaux. Elle a promis un « big bang » des dispositifs, et ce dès cette semaine. Sur ce dossier, le gouvernement devra résoudre l’un des grands problèmes de la formation professionnelle : l’inégalité d’accès entre les hommes et les femmes. Un rapport vient d’être remis à la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Il affirme qu’il existe « une vraie discrimination en ce qui concerne l’offre proposée aux femmes ». Le document note que, si l’accès à la formation des femmes est proche de celui des hommes (45 % contre 43 %), de fortes disparités subsistent lorsqu’on s’intéresse aux catégories de salariés. Ainsi, « 57 % des femmes cadres se sont formées, contre 62 % des hommes ». Le rapport montre que les barrières commencent dès l’école ou l’université pour les femmes. Ce retard dans la formation initiale pourrait être compensé par la formation continue. Mais, là encore, les obstacles à l’égalité sont nombreux. « Souvent, lorsque les femmes choisissent une formation, elles sont guidées, consciemment ou non, vers des métiers stéréotypés comme ceux liés à la petite enfance, observe Garance Yverneau, fondatrice et dirigeante de 5A Conseil. Il faut travailler en amont avec elles pour les orienter vers des métiers ‘‘émergents’’, comme le digital. » Aussi, les femmes subissent un déficit de renseignements, notamment en raison de l’attitude de leur hiérarchie. « Elles sont moins nombreuses à bénéficier d’entretiens professionnels et, lorsqu’elles en bénéficient, sont moins nombreuses à y discuter leurs besoins de formation », précise le document. Pour favoriser une politique « plus égalitaire », le rapport formule une trentaine de recommandations. Parmi elles, les critères de mixité. Ils pourraient être pris en compte pour évaluer les organismes de formation. Ainsi, les démarches favorisant la mixité seraient récompensées et, à l’inverse, les mauvais élèves pourraient subir des « sanctions jusqu’au retrait de l’agrément ou de subventions ». Enfin, le rapport préconise de donner aux salariés à temps partiel – 30 % des femmes actives en 2015 contre 8,1 % des hommes – les mêmes droits à la formation.