Un oeil sur les villes
A deux ans des municipales, La République en marche avance ses pions. Le maire sortant Jean-Luc Moudenc pourrait se dresser sur la route du parti d’Emmanuel Macron.
Dans deux ans, les Toulousains éliront leur maire. Pour l’heure, aucun parti n’a avancé ses pions. Le sortant, Jean-Luc Moudenc (LR), continue à occuper le terrain, laissant peu de place à La République en Marche. A gauche, on prête l’intention à beaucoup de socialistes. 20 Minutes fait le point sur les forces en présence.
Jean-Luc Moudenc, déjà en piste. Jean-Luc Moudenc n’a pas encore officiellement indiqué qu’il était candidat à sa succession… tant cela ne fait pas de doute. En 2014, alors qu’il venait de retrouver son fauteuil de maire, il avait indiqué qu’il s’inscrivait dans la durée. Pour l’heure, au sein de sa famille politique, personne ne cherche à le contester, même s’il a tendu la main à Emmanuel Macron et lancé avec Christian Estrosi « La France Audacieuse ». « Reprendre le Capitole a été tellement difficile, cela ne servirait à rien d’avoir un candidat purement Les Républicains », insiste un cadre du parti de Laurent Wauquiez.
Un candidat LREM potentiel. Jean-Luc Moudenc est jugé Macroncompatible et peut compter sur deux députés de la majorité présidentielle au sein de son équipe municipale. Dans une commune où La République en Marche a tout raflé lors des législatives, cela a du poids. Avec de tels résultats, LREM pourrait légitimement présenter un candidat aux municipales. « Ce serait un mauvais calcul et un vrai risque de perdre pour les macronistes. Par contre, il est sûr que certains membres de la majorité présidentielle poussent d’autres candidatures dans l’ombre », relève un connaisseur.
Qui à gauche ? Une candidature LREM pourrait faire les affaires de la gauche. Aujourd’hui, l’opposition municipale (PS-EELV-PC) joue collectif. Mais de là à faire une alliance en 2020, rien n’est moins sûr. Sans même parler de savoir qui pourrait être tête de liste. Au PS, Pierre Cohen ne s’est pas déclaré. Certains prêtent des ambitions à la vice-présidente de la région, Nadia Pellefigue. Tout comme au sénateur Claude Raynal ou à l’élu municipal Romain Cujives.
Un peu plus de 35 000 communes à conquérir, un paysage politique en plein bouleversement et un test électoral avant la présidentielle de 2022. A deux ans (ou trois, si l’exécutif décide d’un report) des élections municipales, les partis politiques s’affairent déjà à élaborer leur stratégie et à labourer le terrain. « Parmi les villes de plus de 30 000 habitants, environ 15 % sont instables et basculent à chaque municipale, ce qui suscite de l’espoir pour de jeunes mouvements comme LREM ou LFI », observe le politologue Martial Foucault, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof).
« Combler les trous »
Au QG du parti présidentiel, on reconnaît qu’« il y a des trous dans la raquette » et que « les européennes et les municipales sont fondamentales pour la réussite du quinquennat » (et la préparation du suivant). Depuis quelques mois, le mouvement met l’accent sur les initiatives locales et citoyennes, avec des arrière-pensées politiques. « Il y a un boulot énorme, on l’a vu aux législatives partielles. LREM n’a pas de réseaux d’élus locaux », relevait, fin janvier, le sénateur François Patriat, « Monsieur territoires » du parti. LREM remobilise donc ses comités locaux, dont certains sont en hibernation depuis les législatives de 2017, et prépare des alliances territoriales en scrutant la carte des parrainages de maires obtenus par Emmanuel Macron. « On recense qui soutient le gouvernement. L’idée est d’agglomérer le MoDem, et au-delà », annonce François Patriat. En d’autres termes, poursuivre la recomposition politique en débauchant des élus de droite et de gauche. Le MoDem, lui, ambitionne de conserver des mairies « orange », comme Pau (Pyrénées-Atlantiques), Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) ou Montde-Marsan (Landes), et, pourquoi pas, d’en conquérir d’autres, fort de son nombre historique de députés qui sont autant de relais locaux. Le parti de François Bayrou apportera aussi son soutien et son réseau local à LREM. « On a vocation à reproduire la majorité présidentielle dans un maximum de communes », déclare Yann Wehrling, secrétaire général du parti, qui n’exclut pas, bien au contraire, de faire alliance avec d’autres formations de centre droit, centre gauche ou écologistes. « On construira des majorités basées sur des projets communaux qui rassemblent. »