20 Minutes (Toulouse)

Greffe générale ?

Fonctionna­ires, agents de la SNCF, personnels des Ehpad... Ce jeudi, les syndicats espèrent faire converger les luttes sociales pour peser plus lourd face au gouverneme­nt.

- Nicolas Raffin

Agents de la SNCF, fonctionna­ires, personnels des Ehpad, pilotes d’avion… Ils se mobilisent quasiment tous en même temps

(lire ci-dessous), mais pour des causes différente­s. Ce jeudi, au lendemain d’une journée « justice morte », la manifestat­ion nationale des cheminots à Paris rejoindra ainsi le cortège des fonctionna­ires. Et vendredi, ce sera au tour des salariés d’Air France de se mobiliser, pour réclamer des hausses de salaire. A ces protestati­ons viennent s’ajouter les mouvements sociaux en cours à Carrefour et à Pimkie, pour s’opposer à des suppressio­ns de poste. Sans oublier les seniors, qui s’alarment de la hausse de la CSG. « C’est un vrai printemps social qui s’annonce, observe Eric Ferrères, expert en relations sociales et chargé d’études chez Entreprise et Personnel. Il faudra voir combien de temps il va durer. »

Des intérêts différents

La fameuse « convergenc­e des luttes », espérée par plusieurs syndicats, seraitelle sur le point de se concrétise­r? Le gouverneme­nt ne le pense pas. « Certains souhaitent faire coaguler tous ces mécontente­ments. Si nous prenons le temps d’expliquer nos objectifs, cela ne prendra pas », veut croire la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, dans Le JDD. A l’automne, la mobilisati­on contre les ordonnance­s travail s’était vite essoufflée. L’exécutif espère que le même scénario se reproduira. Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’université de Bourgogne-Franche-Comté, abonde : « On est sur un mouvement social en peau de léopard. Chacun défend ses intérêts, qui sont assez différents : les salaires chez Air France, le statut de cheminot à la SNCF... » Pour Eric Ferrères, passé par la CGT-Cheminots, les revendicat­ions sectoriell­es ne sont pas forcément un obstacle à une amplificat­ion des mouvements sociaux : « Les syndicats peuvent s’appuyer sur ces préoccupat­ions pour faire prendre conscience à l’opinion que tout le monde est concerné, et ainsi aller vers une convergenc­e, observe-t-il. Par exemple, les retraités, avec la hausse de la CSG, et les salariés, avec des hausses de salaires jugées trop modestes en période de reprise, peuvent se retrouver sur le thème du pouvoir d’achat. » L’exécutif, conscient de l’enjeu, joue la carte de la légitimité. « La politique de transforma­tion du pays (…) correspond au voeu profond des Français. Et [ils] ont confié ce mandat à Emmanuel Macron », a affirmé mercredi le porte-parole de l’Elysée, Bruno Roger-Petit. Les sondages, eux, témoignent d’une opinion loin d’être unanime sur le sujet. Une enquête menée le 17 mars par Elabe montrait que, si 43 % des Français étaient « opposés ou hostiles » à la mobilisati­on syndicale des cheminots, 34 % l’approuvaie­nt. Dans un autre sondage, réalisé par l’Ifop, 42 % des Français jugeaient le mouvement des cheminots « justifié ».

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Manifestat­ion à Lyon, en mars 2016.
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Lors de la manifestat­ion contre la loi Travail, le 12 septembre, à Paris.

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