20 Minutes (Toulouse)

Une accusée déroutante

Edith Scaravetti est jugée pour avoir tué son compagnon

- Hélène Ménal

Le récit précis de dix ans d’une vie conjugale humiliante et celui beaucoup plus flou d’une nuit mortelle où tout bascule. Edith Scaravetti, 30 ans, est jugée pour avoir tué son compagnon, Laurent Baca, en août 2014. Mercredi, au troisième jour du procès, l’audience était consacrée à la version de l’accusée. Elle s’est montrée plutôt convaincan­te sur sa relation avec la victime, un homme tendre au début dont la fragilité l’a d’abord séduite. Mais un compagnon « lunatique » aussi, cocaïnoman­e à ses heures, chez qui l’alcool provoquait selon elle des « furies extrêmes ». Les grossesses, trois, se sont enchaînées tandis que la situation s’est dégradée. Il l’humiliait, la traitait souvent d’« incapable », la frappait parfois.

Des zones d’ombre

« La première fois qu’il vous frappe d’après vous, vous avez 18 ans et vous êtes enceinte de votre premier enfant. Pourquoi vous ne fichez pas le camp ? », la tance Edouard Martial, une des avocats de la partie civile. « Parce que je l’aimais », répond-elle. Pourquoi n’a-telle jamais rien dit de la « nasse » où elle était prise ? « Parce c’est compliqué de parler de quelque chose qu’on ne peut pas s’avouer à soi-même. » Son témoignage, dénis compris, ressemble à celui de toutes les femmes battues. Sur la nuit du crime, la mémoire d’Edith Scaravetti est plus friable, elle prend de grandes inspiratio­ns. Selon son récit, la dispute a été homérique, il a hurlé, il l’a frappée, elle a dévalé les escaliers et chuté à plusieurs reprises. Puis, allongé sur le canapé, goguenard, Laurent Baca aurait pointé la carabine du grand-père sur sa tempe, la mettant au défi « d’être une femme, pour une fois ». Elle se souvient d’avoir touché la crosse. Puis de plus grand-chose. Ni du coup de feu mortel, probableme­nt assourdiss­ant, ni de comment et quand elle s’est débarrassé­e de la douille puisque l’arme a été retrouvée vide. Elle ne s’explique pas non plus pourquoi elle n’a pas appelé police secours et pourquoi les enfants ne se sont pas réveillés. La soeur de Laurent Baca a sa propre version. Elle pense que ce n’était pas la nuit, que les enfants n’étaient pas là et qu’il n’y a pas eu de dispute.

 ??  ?? La salle de la cour d’assises de la Haute-Garonne.
La salle de la cour d’assises de la Haute-Garonne.

Newspapers in French

Newspapers from France