De la colère dans l’air
Les syndicats de fonctionnaires défilent dans l’unité, ce mardi. Ils dénoncent la mise en cause de leur statut et l’incapacité du gouvernement à les entendre.
Les fonctionnaires devraient réussir un exploit, ce mardi. Celui de faire défiler, ensemble, les principaux leaders des confédérations syndicales (Philippe Martinez pour la CGT, Pascal Pavageau pour FO, Laurent Berger pour la CFDT), à Paris. Au total, neuf syndicats de la fonction publique appellent à la mobilisation. Les représentants des fonctionnaires sont tout particulièrement remontés contre plusieurs mesures du gouvernement, comme le gel du point d’indice (qui définit le niveau de rémunération des 5,7 millions d’agents) ou la suppression de 120 000 postes d’ici à 2022.
« Après trois mois, nous ne savons pas vers quoi veut aller le gouvernement. » Luc Farré, représentant de l’Unsa
Le dernier grief en date porte sur le recours aux contractuels – des agents embauchés en CDD – que le gouvernement veut encourager dans la fonction publique. « Nous souhaitons faciliter ce recours pour permettre aux employeurs publics de recruter de manière plus réactive, plus rapide et plus autonome », a déclaré Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique. Pour les syndicats, nul besoin d’étendre un dispositif qu’ils jugent suffisamment développé. « Faire du contrat le mode principal de recrutement, c’est tourner le dos au statut, assure Bernadette Groison (FSU). On pense qu’au XXIe siècle, le contrat, ce n’est pas l’avenir de l’emploi. Vouloir l’étendre, c’est porter un coup de canif au principe fondateur de la fonction publique. » Au- delà de ce désaccord de fond, les syndicats sont aussi excédés par la méthode de l’exécutif. « Le mot ‘‘concertation’’ tel qu’il est utilisé par le gouvernement cache la réalité, assure Luc Farré, de l’Unsa. On a des réunions, on nous annonce des pistes, mais après trois mois, nous ne savons toujours pas vers quoi veut aller le gouvernement sur les chantiers qu’il a ouverts. » Une critique non recevable pour l’exécutif. « La concertation est ouverte, réplique l’entourage d’Olivier Dussopt. Il ne tient qu’aux organisations syndicales de nous faire des propositions, qui devront s’inscrire dans l’objectif de résultats souhaité par le gouvernement ». Les syndicats auront un peu plus d’informations début juin, lorsque le comité Action publique 2022 publiera ses propositions pour réduire la dépense publique. Mais ces conclusions n’engageront « que le comité » et pas le gouvernement, a répété Bercy à plusieurs reprises. De quoi laisser planer le suspense sur les décisions finales, alors que les organisations syndicales trouvent déjà le temps très long.