Des cheveux d’ange aux ailes plombées
Entreprise Les salariés de Brussanges sont inquiets car leurs machines ont disparu
Ils se font des cheveux blancs, c’est le moins qu’on puisse dire. Les salariés de l’usine Brussanges de Bessières produisent depuis cent quarante ans les célèbres cheveux d’ange, les vermicelles les plus fins du monde. Après avoir pris, en accord avec leur patronne, trois semaines de congés en retard, ils devaient reprendre le travail mardi.
« Nous avions accidentellement découvert le pot aux roses. » Chantal, une salariée
Le hic, c’est que les serrures ont été changées et qu’un gros cadenas condamne le portail. Ils sont enfermés dehors et pas vraiment surpris de leur sort. « Nous avions déjà découvert accidentellement le pot aux roses pendant les vacances, confie Chantal Lacroux, qui fait partie des quatre derniers salariés de la fabrique. J’ai le portable de l’entreprise et un déménageur m’a téléphoné jeudi dernier à propos du déplacement d’un mobil-home. »
Machines « en réparation »
Intrigués, les employés se sont alors rendus sur le site de Bessières. L’un d’eux a réussi à se glisser dans le bâtiment pour découvrir que des machines avaient disparu, dont la plieuse à vermicelles, unique en son genre. Entre les serrures neuves, le cadenas du portail, le matériel envolé et les témoignages de voisins évoquant le manège nocturne de camions de déménagement, leur conviction est quasi faite. Malgré les dénégations de leur patronne, pour eux il s’agit d’un lock-out, une fermeture pirate.
La gérante espagnole, Josefa Nicolas-Sanchez, qui a repris l’entreprise
à Bessières en 2014 après l’incendie du site historique voisin de Villemur-sur-Tarn, se veut rassurante. « Je n’ai pas l’intention de fermer la fabrique. Les machines sont en réparation, en Espagne et en France, car elles sont très vieilles et d’une grande technicité, explique-t-elle, et nous profitons de l’occasion pour faire un grand nettoyage sur le site pour répondre aux normes exigées par nos clients. »
Sans donner de date de reprise, elle demande aux salariés d’être patients, indiquant qu’ils en sauront plus lors d’une « réunion la semaine prochaine ».
Les employés n’attendront pas jusque-là. Ils ont déposé plainte à la gendarmerie le samedi 19 mai.