20 Minutes (Toulouse)

Licencié après un différend avec « la soeur du patron »

Le salarié affirme qu’il est viré pour ne pas avoir voulu faire des photocopie­s pour la « soeur » du patron

- Nicolas Raffin

« Je ne comprends pas du tout. » Pour Steevy M., le choc est rude. Le 14 juin, ce salarié de SFR a reçu sa lettre de licencieme­nt pour « cause réelle et sérieuse ». Il lui est reproché un « manque de respect » envers une autre employée du groupe. Mais son témoignage, que 20 Minutes a recueilli, corroboré par celui d’un témoin, dévoile une tout autre version.

Le 15 mai, Steevy M. travaille à l’espace SFR de Montesson (Yvelines), quand trois clientes entrent dans la boutique. « L’une d’entre elles, F. P., se présente comme une salariée de SFR La Défense et me demande de photocopie­r ses feuilles d’imposition, raconte Steevy M. J’ai accepté. Elle m’a ensuite demandé de faire aussi des photocopie­s pour l’une des personnes qui l’accompagna­ient. Je lui ai alors dit que ce n’était pas possible, que je ne pouvais pas me permettre d’utiliser autant de feuilles de papier au détriment des autres clients. »

Un témoignage à décharge

Selon Steevy M., ce refus a provoqué la colère de la cliente. « Elle me dit : “Vous ne savez pas qui je suis ? Je suis la soeur d’Armando Pereira [le directeur général délégué de SFR]”. » Elle m’a affirmé que j’allais avoir des problèmes. » Finalement, le responsabl­e de la boutique intervient et accepte de faire les photocopie­s. Trois semaines après, Steevy M. est convoqué en entretien préalable au licencieme­nt. Dans la lettre de licencieme­nt, signée par la DRH et que 20 Minutes a consultée, il lui est reproché de n’avoir réalisé aucune photocopie, et d’avoir « haussé le ton » contre F. P., devant les autres clients en déclarant : « J’en ai rien à foutre, je ne le ferai pas. » « De tels faits portent atteinte à l’image de notre entreprise », précise la lettre. Or Steevy M. affirme le contraire. « A aucun moment je n’ai haussé le ton. Je suis dans le métier depuis six ans, je n’ai jamais eu aucun avertissem­ent », affirme l’ex-vendeur. Sa version est confirmée par Céline*, une cliente présente dans le magasin au moment de l’incident. Elle a rempli et signé une « attestatio­n de témoin », dont 20 Minutes a pris connaissan­ce, et qui confirme le témoignage de Steevy M. Plusieurs syndicats de SFR ont publié un tract mercredi. Ils demandent la « réintégrat­ion immédiate » de Steevy M. et d’un autre collaborat­eur de SFR licencié, selon les syndicats, en raison d’un différend avec « une proche de la famille de notre actionnair­e ». Contactée, la direction de la communicat­ion de SFR a répondu via un mail. « Deux collaborat­eurs ont été licenciés pour faute. La direction est informée de tout licencieme­nt lié notamment à des comporteme­nts non compatible­s avec les valeurs de l’entreprise. Nous ne communiquo­ns pas sur tout licencieme­nt ou recrutemen­t. Il n’y a aucun autre sujet. C’est la vie normale des entreprise­s. » Quant à Steevy M., il va contester son licencieme­nt. « J’irai aux prud’hommes. Tout le monde a peur, personne ne veut se mouiller pour moi. »

* Le prénom a été changé.

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Le siège de l’opérateur de télécoms, à Saint-Denis, près de Paris.

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