La Belge revanche de Romelu Lukaku
L’attaquant belge, controversé malgré ses buts à la pelle, a fendu l’armure dans un long récit où il révèle son enfance difficile
Pour ceux qui se plaignent que les footballeurs ne racontent jamais rien d’intéressant, un petit conseil lecture : le récit de Romelu Lukaku dans The Player’s Tribune cette semaine. Une véritable claque. L’attaquant belge, qui affronte la Tunisie samedi, raconte les difficultés qui ont jalonné son brillant parcours. La pauvreté de l’enfance, quand il fallait demander crédit à la boulangerie « pour avoir une miche de pain pour la semaine », les remarques racistes des autres parents, les critiques incessantes sur son style de jeu… Un véritable cri de rage – un peu romancé, si l’on en croit quelques confidents proches de la sélection belge – qui dit tout des immenses ressources mentales de ce joueur sans cesse décrié pour ses airs de brute épaisse et son manque supposé de finesse technique. La dernière fois qu’il a dû faire face à ces critiques, c’était après le match contre le Panama, où son coéquipier Eden Hazard s’est étalé à chaud : « En première période, il [Lukaku] se cachait un peu. Même si on a des bons joueurs, ce n’est pas facile de jouer
« Il a eu une enfance difficile qui a dû contribuer à forger son gros caractère. »
Youri Tielemans
avec un joueur en moins. Et une fois qu’il a été là, impliqué dans le jeu, il a mis deux buts. J’espère qu’il va comprendre. » Ce n’était pas dit méchamment, mais l’ancien joueur du Losc a quand même déminé le terrain le lendemain : « Ce n’était pas une attaque contre Romelu. De toute façon, à la mi-temps, je lui en avais parlé. » Pourtant, depuis ses débuts avec les Diables rouges, le joueur de Manchester United a des stats de folie : 35 buts en 69 sélections. De quoi faire pâlir de jalousie les meilleurs attaquants européens. « Je sais qu’il a eu une enfance difficile, qui a dû contribuer à forger son gros caractère, explique son coéquipier Youri Tielemans. C’est important d’avoir quelqu’un d’aussi fort mentalement dans notre groupe. Quand on a un grand attaquant comme ça, c’est dommage de le critiquer tout le temps. On pourrait le soutenir un peu plus. » On est peut- être naïf, mais ces louanges ressemblent à un moment de grâce. Comme celui qu’il a vécu après le match amical face à l’Arabie saoudite, en mars. Celui qui a connu l’équipe première d’Anderlecht à 16 ans a reçu sa première standing ovation par le public belge. « C’était la première fois en neuf ans qu’on m’applaudissait, a réagi Lukaku. Tout n’est pas oublié et pardonné pour autant. Mais ne me comprenez pas mal : je joue avec énormément de plaisir pour l’équipe nationale. » Entendre : « Je sais d’où je viens. » Maintenant, nous aussi.