L’île de Pâques s’invite au Muséum sans mysticisme
Le Muséum consacre sa nouvelle exposition à la mystérieuse île de Pâques et bat en brèche les théories mystiques
Vous croyez que l’île de Pâques et ses grandes statues de pierre sont la preuve indiscutable que des extraterrestres nous ont visités un jour ? Alors vous êtes bons pour un stage intensif de démystification dans les sous-sols du Muséum. Il consacre sa nouvelle exposition temporaire à Rapa Nui, cette île confetti découverte le 5 avril 1772, jour de Pâques, par un navigateur hollandais. Le musée a le souci d’être en phase avec les dernières découvertes scientifiques. Voici quelques-unes des idées reçues que cette exposition bat en brèche.
> Les Pascuans sont issus d’une civilisation perdue. Extraterrestres donc, ou derniers représentants d’un continent englouti… Les théories vont bon train sur l’origine des Pascuans. « En fait les habitants sont des Poly- nésiens, au sens le plus complet du terme, arrivés d’Asie du sud-est vers l’an 1000 grâce à une science de la navigation étonnante », recadre Nicolas Cauwe, grand spécialiste de l’île et conservateur aux musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles.
> Il fallait une force surhumaine pour ériger les moai. Certaines des 900 statues mesurent 6 m et pèsent 12 t. Alors forcément, on a longtemps cru qu’il fallait une force divine pour les déplacer. Des recherches récentes ont montré que finalement, non. A condition d’avoir le bon traîneau de bois et soixante personnes motivées pour le tirer, un bloc de pierre volcanique de 10 t peut parcourir 15 km en une semaine. Par ailleurs, il est probable que les blocs étaient transportés à l’état brut avant d’être sculptés sur leur plateforme, dos à la mer.
> Ils ont signé leur éco-suicide. Les recherches ont montré que l’île, aujourd’hui pelée, avait été luxuriante et hérissée de palmiers autochtones. Une théorie répandue est que les habitants en procédant à un déboisement massif se sont « éco-suicidés ». Nicolas Cauwe est plus nuancé. « Oui, le développement de l’agriculture a donné lieu à du déboisement, dit-il. Mais l’île a aussi essuyé plusieurs accidents climatiques dus au courant équatorial el Niña ». Sans compter, à partir du XVIIIe siècle, les épidémies importées par les « visiteurs » et les exactions de ces derniers.