Les crânes de la baronne sont servis
La Fondation Bemberg expose l’étrange collection de crânes miniatures de la baronne Henri de Rothschild
Des crânes miniatures montés en broches, en épingle à cravate, ornant une tabatière, en ivoire, en métal ou en cristal de roche pour la déco de la commode… A croire qu’une réplique du manoir de la Famille Addams vient d’ouvrir dans la Ville rose. En fait, cette inquiétante collection de 180 crânes est exposée dans le prestigieux Hôtel d’Assézat de la Fondation Bemberg. Et elle a été réunie au début du XXe siècle par la très fortunée baronne Henri de Rothschild (1874-1926).
Une noble rébellion
Alors pourquoi Mathilde de Weisweller de son vrai nom, femme « moderne » et connue pour avoir été une des premières Françaises à obtenir son permis de conduire, s’est-elle entichée de petits crânes précieux venus du monde entier ? Sophie Motsch, attachée de conservation au musée des Arts décoratifs de Paris, propriétaire de ce legs iconoclaste, reste prudente.
« Probablement une volonté de se démarquer de la famille de son mari, les Rothschild, suggère-t-elle. Peutêtre a-t-elle voulu, à son niveau, à son échelle et avec sa fantaisie, collectionner des objets qui étaient plutôt méprisés ». Cette noble rébellion est au centre de l’exposition « Même pas peur »*. La Fondation Bemberg a immergé les crânes dans un « parcours des Vanités » jalonné d’autres oeuvres de sa collection permanente, pour évoquer « la fragilité de la condition humaine et du temps qui passe ». Au bout du bout, il ne reste qu’un crâne.