Tous assemblés autour du foot
Les députés aussi font tout pour suivre le Mondial
Voir les matchs de la Coupe du monde programmés en journée, c’est le défi de tout salarié. Et aussi des députés. C’est d’ailleurs « la merde » pour les regarder, glisse-t-on.
Les plus prudents ont toutefois prévu l’affaire depuis longtemps. « Y a le vital : c’est-à-dire les Bleus. Dès que le calendrier était connu, j’ai bloqué les dates pour que mes collaborateurs ne placent pas de rendez-vous, lance François-Michel Lambert, député LREM des Bouches-du-Rhône. J’ai alerté certains collègues qui avaient complètement zappé. Je leur ai dit qu’organiser une réunion publique en plein France-Australie, ce n’était pas judicieux… Et puis, de toute manière, ma passion m’aurait empêché de me concentrer. » Même topo pour Sacha Houlié, élu de la majorité : « Vendredi, j’ai décalé une ronde prévue avec les gendarmes. Je suis sûr qu’ils avaient tout autant envie que moi de voir le match. »
Dans les couloirs de l’Assemblée, plusieurs écrans permettent aux passion- nés de suivre les rencontres. Sinon, il y a les classiques. « Je regarde les alertes ou les replays. Quelques-uns ont des tablettes ou regardent avec leur téléphone en séance », balance l’insoumis Ugo Bernalicis. « Bien sûr qu’on le fait, confirme Régis Juanico, député Nouvelle Gauche et sélectionneur de l’équipe de France des parlementaires. Comme les journalistes aussi, j’imagine ? » On confirme. « En séance, il y a toujours un collègue pour vous tuyauter sur le résultat. Ça casse un peu les codes avec les autres partis. On se dit : “Alors, ça en est où ?”» raconte le député LR Philippe Gosselin. « Si c’est un gros match, on essaie de voir quelques images entre deux passages dans l’hémicycle, explique Pierre-Henri Dumont, député LR de Calais. En revanche, je sacralise les matchs des Bleus. Hors de question de les louper ! C’est pour ça que j’ai séché le discours de François de Rugy… » Mardi 26 juin, la France rencontrait le Danemark, et le président de l’Assemblée a choisi ce moment pour un discours de fin de session. « Il n’y avait pas beaucoup de monde pour l’écouter », concède Régis Juanico. Le quart de finale de ce vendredi ne devrait pas poser de problème. Mais, mardi soir, l’éventuelle demie pourrait se télescoper avec la séance publique consacrée au « projet de loi constitutionnelle ». Sacha Houlié, responsable du texte LREM, se veut rassurant. « Je pense pouvoir convaincre les rapporteurs, sans avoir à trop forcer, qu’on peut décaler d’un quart d’heure pour voir la fin. S’il y a une prolongation, ce sera plus compliqué. »
« Il y a toujours quelqu’un pour vous tuyauter. Ça casse les codes avec les autres partis. » Philippe Gosselin (LR)