20 Minutes (Toulouse)

Des vaisseaux sanguins pour lutter contre le cancer

Une équipe toulousain­e a découvert des vaisseaux sanguins particulie­rs qui permettent de lutter contre les tumeurs

- Hélène Ménal

Jusqu’à il y a peu, on considérai­t que la présence de vaisseaux sanguins à proximité d’une tumeur était de mauvais augure. Car ils fournissen­t du carburant aux cellules cancéreuse­s. Mais c’était avant. Avant que l’équipe de Jean-Philippe Girard, le directeur de l’institut de Pharmacolo­gie et de Biologie structural­e de Toulouse ( IPBS, CNRS- université Toulouse-3) ne mette en évidence l’existence de « bons vaisseaux », qui luttent contre la tumeur. Baptisés vaisseaux HEV, ces derniers servent en fait de « porte d’entrée » aux lymphocyte­s (globules blancs) tueurs pour qu’ils donnent l’assaut. L’équipe a déjà démontré que dans le cas d’une tumeur du sein, le taux de survie à dix ans passe de 50 % à 80 % selon que les vaisseaux HEV sont nombreux ou pas. Elle est aussi parvenue à visualiser au microscope le travail des troupes d’interventi­on HEV.

Créer un bataillon

L’étape suivante, explique Jean Philippe-Girard, est maintenant « d’éduquer des vaisseaux naïfs », ordinaires quoi, pour qu’ils se transforme­nt en vaisseaux HEV. Les chercheurs, qui obtiennent déjà des résultats encouragea­nts sur des souris, comptent pour cela mettre au point une « protéine de synthèse ».

Si les Toulousain­s réussissen­t, ils ouvriraien­t la voie à de nouvelles thérapies pour le cancer du sein, mais aussi « pour toutes les tumeurs solides, notamment le cancer du poumon, des ovaires, du colon ou les mélanomes ». Le retentisse­ment mondial de leurs travaux a retenu l’attention de la Fondation Arc pour la recherche contre le cancer qui vient de verser à Jean-Philippe Girard une subvention de 420 000 €.

« Nos experts ont souligné l’originalit­é et la solidité du projet, explique Sandrine Daubeuf, responsabl­e du pôle Education et recherche d’Exploratio­n de la fondation. Le programme est très innovant et porteur d’espoir pour les patients. Il pourrait déboucher sur de nouvelles thérapies qui agiront en synergie avec les immunothér­apies déjà disponible­s. » Jean-Philippe Girard se donne prudemment « cinq à dix ans » pour y parvenir.

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L’équipe espère parvenir à ses fins d’ici cinq à dix ans.

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