20 Minutes (Toulouse)

Une facture parfois «menstrueus­e »

Hygiène féminine Beaucoup de femmes manquent de moyens pour s’acheter des protection­s durant leurs règles

- Anissa Boumediene

« Je viens d’avoir mes règles et, le premier truc que je me suis dit, c’est : “Putain, j’ai pas d’argent (j’ai toujours pas reçu ma bourse), je vais encore devoir taxer les serviettes de ma grande soeur“. » Début septembre, cette jeune femme faisait part de son désarroi sur Twitter, partageant une situation qu’elle est loin d’être la seule à subir : la précarité menstruell­e. En France, en effet, de nombreuses femmes (étudiantes, travailleu­ses précaires, sansabri) n’ont pas les moyens d’acheter les protection­s hygiénique­s dont elles ont besoin durant leurs règles.

Des associatio­ns mobilisées

Une boîte de tampons pour le jour, un paquet de serviettes pour la nuit, sans compter les éventuels médicament­s antidouleu­r… avoir ses règles peut être coûteux, comme en témoigne Sonia, maman de trois filles : « Nous avons toutes des règles hémorragiq­ues. Résultat, ça me coûte 25 € chaque mois, rien qu’en achat de serviettes. » La petite amie de Quentin, elle, n’a ni job étudiant, ni aides au logement, seulement la rémunérati­on de son stage. « Du coup, confie-t-il, on sacrifie parfois des sorties pour équilibrer le budget en fin de mois et lui permettre de s’acheter des protection­s hygiénique­s de qualité. »

Certes, la TVA appliquée aux tampons et serviettes est passée de 20 % à 5,5 % en 2016, mais, dans les rayons, la baisse des prix n’a pas été au rendez-vous. Et aucune mesure équivalent­e à celle de l’Ecosse, qui distribue gratuiteme­nt des protection­s aux jeunes femmes dans le besoin dans les université­s, n’existe encore en France. Heureuseme­nt, des initiative­s ont vu le jour pour lutter contre la précarité menstruell­e.

A la faculté de Paris-Diderot, à Paris, l’épicerie solidaire étudiante Agoraé offre aux étudiants en situation de fragilité financière la possibilit­é de venir faire leurs courses à petits prix. Fruits, légumes, produits d’épicerie et d’hygiène : tout est vendu à 10 % de son prix.

La LMDE, la mutuelle étudiante, s’est elle aussi emparée de la question. Depuis quelques mois, elle propose à ses adhérentes le remboursem­ent de leurs protection­s (serviettes, tampons, coupe menstruell­e ou culotte de règles), à hauteur de 20 à 25 € par an. L’étudiante choisit les protection­s qui lui conviennen­t et envoie son ticket de caisse à la LMDE pour être remboursée.

Les sans-abri ne sont pas non plus oubliées. L’associatio­n Règles élémentair­es « distribue 200 000 produits par an à 20 000 femmes », selon Laurie Autret, sa secrétaire générale. Mais « la demande explose, tant le besoin est criant, constate-t-elle. Il faudrait en collecter le double pour combler le manque. »

L’associatio­n, qui compte étendre son réseau de distributi­on à toute l’Ile-deFrance – dans l’idéal à l’échelle nationale – a, par, exemple, déposé des boîtes à dons dans certaines mairies parisienne­s. Il est possible aussi de faire un don directemen­t depuis son site (www.regleselem­entaires.com).

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La TVA sur les protection­s hygiénique­s a baissé en France, mais, dans les rayons, les prix restent élevés.

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