Révolution, an un(e)
Une année s’est écoulée depuis la naissance du mouvement #MeToo. La parole des victimes s’est libérée, mais certains actes forts, comme la fin de l’omerta dans le sport, restent attendus.
L’explosion de # MeToo en octobre 2017 a donné l’espoir, notamment aux associations qui épaulent les victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle, que la peur avait changé de camp. Et que ces femmes seraient mieux accompagnées vers la plainte, la justice et la reconstruction. Un an après, le bilan est en demi-teinte.
« Il y a eu une prise de conscience de l’ampleur de la violence faite aux femmes », assure Françoise Brié, directrice de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF). Et le nombre de demandes d’aide a augmenté. Tant et si bien que certaines ont été débordées – l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), par exemple, avait dû fermer son accueil téléphonique de janvier à juin. Mais, « aujourd’hui, relève Françoise Brié, les questions sont : comment répond-on aux besoins de réparation de ces femmes et comment prévenir ces violences ? »
Un problème à long terme
Le manque de moyens taraude les associations : « Le budget du secrétariat pour l’égalité entre les femmes et les hommes n’a pas gagné un euro par rapport à ce qui était prévu en septembre 2017 », tempête Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes. Faux, pourrait répondre le ministère, qui a débloqué une enveloppe d’un million d’euros pour certaines associations qui ont remporté l’appel à projets national et régional. « Ces subventions comblent un manque, mais nous sommes inquiètes pour la suite, notamment pour les structures régionales, avance Laetitia Bernard, juriste à l’AVFT. Quand les appels à projet seront terminés, elles vont continuer à accompagner les femmes, mais n’auront plus les financements nécessaires. Tout cela a permis de faire la com, mais ça ne va résoudre le problème sur le long terme. » Il n’empêche, la région Ilede-France et la Mairie de Paris ont rallongé les subventions de l’AVFT et la FNSF, notamment (50 000 € pour la première).
Les moyens supplémentaires peuvent aussi venir des citoyens directement. La Fondation des femmes a ainsi collecté en six semaines 250 000 € auprès des particuliers avec son opération Maintenant on agit. Autre inquiétude : selon une enquête de la Fondation des femmes*, 95 % des femmes font confiance aux associations, seulement 26 % à la justice et 18 % à la police. Pire, plus de la moitié des femmes qui ont porté plainte se déclarent insatisfaites de leur expérience au commissariat. Pour améliorer cet accès à la justice, et parce qu’un dépôt de plainte, ça se prépare, un procès aussi, la Fondation des femmes a noué un partenariat avec le Barreau de Paris pour proposer aux victimes une assistance juridique gratuite. Françoise Brié milite quant à elle pour la prise en charge de l’accompagnement psychologique. « Les femmes précaires ne peuvent pas se permettre de mettre 60 € par semaine chez un psy. »