20 Minutes (Toulouse)

Révolution, an un(e)

Une année s’est écoulée depuis la naissance du mouvement #MeToo. La parole des victimes s’est libérée, mais certains actes forts, comme la fin de l’omerta dans le sport, restent attendus.

- Oihana Gabriel * Réalisée avec Femme actuelle auprès de 1 340 internaute­s en septembre.

L’explosion de # MeToo en octobre 2017 a donné l’espoir, notamment aux associatio­ns qui épaulent les victimes de harcèlemen­t ou d’agression sexuelle, que la peur avait changé de camp. Et que ces femmes seraient mieux accompagné­es vers la plainte, la justice et la reconstruc­tion. Un an après, le bilan est en demi-teinte.

« Il y a eu une prise de conscience de l’ampleur de la violence faite aux femmes », assure Françoise Brié, directrice de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF). Et le nombre de demandes d’aide a augmenté. Tant et si bien que certaines ont été débordées – l’Associatio­n européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), par exemple, avait dû fermer son accueil téléphoniq­ue de janvier à juin. Mais, « aujourd’hui, relève Françoise Brié, les questions sont : comment répond-on aux besoins de réparation de ces femmes et comment prévenir ces violences ? »

Un problème à long terme

Le manque de moyens taraude les associatio­ns : « Le budget du secrétaria­t pour l’égalité entre les femmes et les hommes n’a pas gagné un euro par rapport à ce qui était prévu en septembre 2017 », tempête Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes. Faux, pourrait répondre le ministère, qui a débloqué une enveloppe d’un million d’euros pour certaines associatio­ns qui ont remporté l’appel à projets national et régional. « Ces subvention­s comblent un manque, mais nous sommes inquiètes pour la suite, notamment pour les structures régionales, avance Laetitia Bernard, juriste à l’AVFT. Quand les appels à projet seront terminés, elles vont continuer à accompagne­r les femmes, mais n’auront plus les financemen­ts nécessaire­s. Tout cela a permis de faire la com, mais ça ne va résoudre le problème sur le long terme. » Il n’empêche, la région Ilede-France et la Mairie de Paris ont rallongé les subvention­s de l’AVFT et la FNSF, notamment (50 000 € pour la première).

Les moyens supplément­aires peuvent aussi venir des citoyens directemen­t. La Fondation des femmes a ainsi collecté en six semaines 250 000 € auprès des particulie­rs avec son opération Maintenant on agit. Autre inquiétude : selon une enquête de la Fondation des femmes*, 95 % des femmes font confiance aux associatio­ns, seulement 26 % à la justice et 18 % à la police. Pire, plus de la moitié des femmes qui ont porté plainte se déclarent insatisfai­tes de leur expérience au commissari­at. Pour améliorer cet accès à la justice, et parce qu’un dépôt de plainte, ça se prépare, un procès aussi, la Fondation des femmes a noué un partenaria­t avec le Barreau de Paris pour proposer aux victimes une assistance juridique gratuite. Françoise Brié milite quant à elle pour la prise en charge de l’accompagne­ment psychologi­que. « Les femmes précaires ne peuvent pas se permettre de mettre 60 € par semaine chez un psy. »

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Lors d’une manifestat­ion à Montpellie­r, en octobre 2017.
 ??  ?? Une femme solidaire de #MeToo manifeste le 3 mars à Paris.
Une femme solidaire de #MeToo manifeste le 3 mars à Paris.

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