20 Minutes (Toulouse)

« Cette décision ouvre une brèche »

- Propos recueillis par Fabrice Pouliquen

Mercredi, l’Etat français a été condamné à indemniser le fils d’un harki pour l’accueil « indigne » réservé aux supplétifs de l’armée française pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), à leur arrivée en France. Une « décision historique » pour Fatima Besnaci-Lancou, historienn­e et fondatrice de l’associatio­n Harkis et droits de l’homme.

En quoi le Conseil d’Etat a-t-il pris une décision historique ?

C’est une décision historique, car elle est lourde symbolique­ment. Nousmêmes sommes surpris de cette décision. On ne revient pas facilement sur ce qu’il s’est passé pendant et après la guerre d’Algérie. Elle n’a été reconnue comme guerre qu’en 1999, par exemple. En 2001, une plainte contre l’Etat français pour crime contre l’humanité et complicité, là encore pour l’abandon de ces supplétifs de l’armée française, avait été déposée, mais elle n’avait pas abouti.

Pensez-vous que cette première condamnati­on fera jurisprude­nce ?

Je ne pense pas que la décision du Conseil d’Etat puisse s’appliquer automatiqu­ement à d’autres plaintes similaires qui pourraient être déposées à l’avenir. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’elle ouvre une brèche dans laquelle devraient s’engouffrer les autres harkis (environ 6 000 encore en vie en France) et leurs enfants.

L’Etat a pris plusieurs initiative­s visant à « apaiser les mémoires » autour de cette page douloureus­e de l’histoire française…

C’est vrai, mais le chemin est encore long. Et encore plus en Algérie où le sujet est encore très tabou. L’Etat attaqué pour faute un an après l’attentat de Marseille.

Les familles de Mauranne Harel et Laura Paumier, tuées il y a un an à Marseille lors d’une attaque terroriste au couteau, ont déposé un recours pour « faute » contre l’Etat devant le tribunal administra­tif de Lyon. Le meurtrier avait été appréhendé quelques jours avant l’attaque à la suite d’un vol, puis relâché sans mesure d’éloignemen­t ni placement en rétention.

Le braqueur Redoine Faïd reste « combatif ». De retour derrière les barreaux, le braqueur Redoine Faïd, « conscient de la situation », « reste combatif », a déclaré jeudi son avocat Raphaël Chiche.

L’Europe, un allié de poids pour la justice en France. Budget en légère hausse, mais procureurs débordés : la France « mérite un effort supplément­aire » d’investisse­ment dans son système judiciaire, relève l’un des auteurs d’un rapport d’évaluation publié jeudi par le Conseil de l’Europe.

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Six mille harkis sont encore en vie.

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