« L’omerta dans le sport existe »
La ministre des Sports Roxana Maracineanu s’engage pour un changement dans le traitement des violences sexuelles
Depuis le début de l’affaire Weinstein, le monde du sport a été absent des débats sur le harcèlement et les violences sexuelles, en tout cas en France. Et rien n’est venu du ministère de la Jeunesse et des Sports pour faire un état des lieux et réfléchir à la prévention. Roxana Maracineanu veut croire que les choses vont changer.
La libération de la parole n’a pas concerné le milieu du sport. Est-ce que cela vous étonne ?
Oui, cela m’étonne parce qu’il n’y a pas de raison que le sport échappe à ce type de comportement, de harcèlements ou de violences sexuels. Cela touche tous les pans de la société.
Votre prédécesseure, Laura Flessel, assurait qu’il n’y avait pas d’omerta. Le pensez-vous aussi ?
Je ne sais pas quelle était précisé- ment la position de mes prédécesseurs, mais la mienne, c’est que cette omerta existe. On va tout faire pour que tous les acteurs du sport soient sensibilisés à cette problématique.
D’où vient ce silence, selon vous ?
Il y a une difficulté de la part des acteurs de terrain à savoir comment réagir quand cela arrive. Une autre raison est que c’est inhérent au sport. Dans certaines disciplines, pour pouvoir enseigner la pratique, on doit être en contact physique avec les personnes, et notamment des femmes ou des mineurs. La frontière peut être floue, pas assez bien expliquée. J’aimerais aider les acteurs à poser la limite du geste, de la parole, du regard, du comportement en général, au bon endroit.
Quelle priorité allez-vous donner à ces questions dans votre action ?
Une priorité haute. Le Premier ministre est particulièrement impliqué sur ces questions, je vais me servir de ça pour porter ce message important pour le monde du sport. Il n’a peut-être pas été considéré comme tel avant, mais moi, je le trouve important. C’est vraiment dans la formation et la prévention que l’on peut être plus actif et plus efficace. En portant ce discours, j’espère que les victimes vont se sentir plus considérées et que cela va libérer la parole.
« J’espère que les victimes vont se sentir plus considérées. »
Concrètement, à quoi doit-on s’attendre dans les prochains mois ?
Nous allons essayer de diffuser plus largement les outils qui existent. Ensuite, il faut adapter les modules de formation pour les rendre plus importants pour les éducateurs, les dirigeants et les bénévoles. Nous souhaitons également encourager la dénonciation de ces comportements. Et pas que de la part des victimes. Si vous entendez autour de vous que cela arrive, il ne faut pas fermer les yeux.