Les locations de longue durée, une denrée rare
Le marché locatif « ordinaire » se fait plus rare à Toulouse. Il migre vers les plateformes collaboratives type Airbnb
Débarquer à Toulouse et louer un appartement, pour vivre tout simplement, devient-il un parcours du combattant ? Les professionnels de l’Union des syndicats de l’immobilier (Unis) en sont persuadés. Ils rencontrent de plus en plus de difficultés à dégotter des appartements aux nouveaux arrivants. Le phénomène est récent dans la Ville rose, mais les agences immobilières membres de l’Unis ont enregistré en 2018 une baisse de 3 % du nombre de logements en location en longue durée. « Cela correspond à 5 000 logements qui ont quitté le parc locatif privé, c’est énorme », souligne Franck Martin, le président régional du syndicat. Et ce n’est pas parce que le nombre de propriétaires a brusquement augmenté. D’après l’Unis, ils ont juste changé de crémerie, privilégiant les locations de courte durée sur des plateformes type Airbnb. Chantal* et Jean-Claude* font partie de ces propriétaires Airbnb. Ils louent une partie de leur maison dans le quartier Saint-Agne. « Nous voyons bien ce qu’il se passe à Barcelone, et nous sommes conscients qu’il y a un risque de distorsion. Mais nous ne spéculons pas », dit Chantal.
Investisseurs et colocation
Ses hôtes sont des congressistes, des visiteurs venus voir de la famille. Ou des étudiants étrangers de passage, dont Chantal doute qu’ils pourraient se loger autrement, étant donné « toutes les garanties et cautions que demandent les agences ». Leur maison n’a pas disparu du marché locatif, ils n’ont jamais eu l’intention de la louer sur une longue durée, puisqu’ils vivent aussi dedans. D’ailleurs, les plateformes collaboratives ne sont pas la seule « plaie » pour les professionnels.
« Il y a aussi les investisseurs qui guettent les grandes surfaces en centre-ville, explique Franck Martin. Ils achètent un appartement de 120 m2, en font quatre chambres avec douche et une pièce commune. Au lieu d’encaisser un loyer de 1 200 €, ils louent en colocation pour quatre fois 400 ou 450 €. » Intra-muros, un appartement à louer, au sens ordinaire du terme, pourrait devenir une perle rare.