20 Minutes (Toulouse)

Le premier kilomètre d’autoroute 100 % recyclé inauguré

Fabriquer un enrobé 100 % recyclé, c’est possible, comme vient de le prouver l’enteprise Eurovia, en Gironde, sur l’A10

- A Bordeaux, Mickaël Bosredon

Une première inscrite… dans le bitume. Mardi, l’entreprise Eurovia (filiale de Vinci) a présenté à SaintChris­toly-de-Blaye (Gironde) le premier kilomètre d’autoroute 100 % recyclée*, sur l’A10. Pour y parvenir, la technique de la remobilisa­tion de bitume a été utilisée. Soit déconstrui­re une portion de route, la faire chauffer en usine pour la faire fondre et obtenir un agrégat d’enrobé qui servira à la reconstrui­re. « La route devient ainsi la matière première en même temps que le produit fini », résume Clara Lorinquer, directrice environnem­ent et qualité chez Eurovia. Certes, la technique n’est pas nouvelle. Ce qui l’est, en revanche, c’est d’avoir « réussi dans notre centre de recherches de Mérignac, à concevoir et à tester des formules d’enrobés dans lesquelles nous avons incorporé jusqu’à 100 % de matière recyclée », se félicite Jean-Pierre Paseri, directeur général d’Eurovia. Et ce, « avec autant d’exigence de performanc­es que pour un enrobé classique ». Celui d’une autoroute doit pouvoir supporter d’importants trafics, en l’occurrence plus de 30 000 véhicules par jour sur l’A10 et jusqu’à 100 000 véhicules par jour durant la période estivale.

Un coût pas plus élevé

Autre avantage de la remobilisa­tion de bitume : réduire l’empreinte carbone. « Cela nous évite d’émettre de l’énergie, et donc du CO2 , pour l’extraction des granulats, et d’éviter à ces matériaux de faire des centaines de kilomètres entre la carrière et le chantier », avance Clara Lorinquer. Si le kilomètre de l’A10 avait dû être réalisé de manière classique, quelque 3 000 t de matériaux auraient dû être acheminées par la route.

Pour aller au bout de cette démarche vertueuse, soutenue par l’Ademe, il fallait à Eurovia une usine mobile afin de réaliser l’agrégat d’enrobé, et rester ainsi au plus près du chantier pour limiter les allers-retours des poids lourds. Une tâche que remplit jusqu’à présent sans problème Marini Ermont (une filiale de Fayat).

Côté coût, la fabricatio­n de l’enrobé 100 % recyclé se fait « au même prix qu’une solution classique, assure Jean-Pierre Paseri. C’est un produit destiné aux grosses infrastruc­tures (autoroutes, routes nationales, pistes d’aéroport…), et on est très confiant pour développer ce marché ces prochaines années. » Même si, reconnaît-il, « dans beaucoup d’opérations, aujourd’hui encore, le seuil de 20 % d’enrobé recyclé est encore celui qui nous est imposé ». * La voie lente a été réalisée avec 100 % d’enrobé recyclé (entre 97 % et 98 % selon les couches précisémen­t, car il est nécessaire d’incorporer des additifs pour les liants), et le reste avec 70 % de recyclé.

 ??  ?? Avec l’usine mobile, les camions circulent moins, et donc polluent moins.
Avec l’usine mobile, les camions circulent moins, et donc polluent moins.

Newspapers in French

Newspapers from France