20 Minutes (Toulouse)

Les gagnants et les perdants du budget 2019

Les mesures portées par l’exécutif devraient davantage bénéficier aux plus hauts revenus qu’aux retraités et aux plus modestes

- Nicolas Raffin

Le week- end a dû être studieux à Bercy. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire et celui des Comptes publics Gérald Darmanin ont préparé leur marathon budgétaire. Il a démarré lundi, à l’Assemblée, avec l’examen du projet de loi de finances (PLF) 2019 en séance plénière. Initialeme­nt présenté comme un budget de baisse d’impôts, le texte est combattu par l’opposition au moment où la polémique sur la taxe d’habitation [ l’exécutif avait annoncé une baisse de la taxe dès cette année ; or, des foyers ont vu cet impôt grimper] bat son plein. Pour Jean-Christophe Lagarde (UDI), « les classes moyennes ne verront pas leur situation changer ». De son côté, Gérald Darmanin assure représente­r « le gouverneme­nt des classes populaires et moyennes ». Qui a raison ? Un peu tout le monde, suivant les chiffres que chaque camp choisit de mettre en avant. La dernière évaluation du budget 2019, réalisée par l’Institut des politiques publiques (IPP), permet de s’en rendre compte. Si l’on prend en considérat­ion la catégorie des actifs, on voit que les « classes moyennes » (entre les 20 % les plus pauvres et les 20 % les plus riches) devraient voir leur revenu augmenter l’année prochaine, ce qui valide partiellem­ent l’analyse du gouverneme­nt.

Le « pari » du gouverneme­nt

En revanche, les retraités et les ménages les plus modestes sont globalemen­t les perdants de ce budget. Selon l’IPP, cela est dû à la « sous-revalorisa­tion des prestation­s sociales » et à la « réforme des allo- cations logement » qui ne sont pas compensées par les diverses revalorisa­tions (allocation aux adultes handicapés, prime d’activité). Surtout, l’IPP note que les 1 % les plus aisés vont voir leur pouvoir d’achat augmenter fortement en 2019. « C’est surtout la suppressio­n de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qui explique ce gain », souligne Claire Leroy, économiste à l’IPP. De quoi donner des arguments à ceux qui dépeignent Emmanuel Macron en « président des ultra-riches ». Pour sa défense, l’exécutif a rappelé que l’allégement de la fiscalité sur les hauts revenus visait à « libérer du capital » pour alimenter l’investisse­ment des entreprise­s françaises, et notamment celui des petites et moyennes entreprise­s ( PME). Ce « pari » lancé par Bruno Le Maire l’année dernière est encore difficile à évaluer. « On ne peut pas en observer les effets pour l’instant, c’est une réforme assez récente » , observe Claire Leroy. Le débat à l’Assemblée nationale promet d’être animé : plus de 2 000 amendement­s ont été déposés, soit deux fois plus que lors du budget 2018.

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Gérald Darmanin et Bruno Le Maire ont lancé leur marathon pour le budget.

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