Pas de couac spatial sur la toile
Cinéma Des spécialistes de l’espace estiment que First Man, en salles ce mercredi, est fidèle aux faits, à quelques détails près
« C’est un petit pas pour un homme, un grand bond pour l’humanité. » Le 21 juillet 1969, à 3 h 56, heure française, Neil Armstrong est le premier à poser le pied sur la Lune. Cet exploit a suscité de nombreuses vocations chez les astronautes du monde entier. A l’époque Jean-François Clervoy a 11 ans et des étoiles plein les yeux. Après trois vols spatiaux, il estime qu’il en sera de même pour tous les enfants qui iront voir First Man, le dernier opus de Damien Chazelle. « J’ai beaucoup aimé le film, il reflète bien les faits historiques et la personnalité de Neil Armstrong. C’est un biopic qui permettra aux jeunes générations de se dire, il y a cinquante ans, il y en a qui en avait », assure celui qui préside aujourd’hui Novespace, la société qui organise des vols paraboliques à bord d’un Airbus. La semaine dernière, aux côtés d’autres spécialistes, il a pu découvrir à la Cité de l’Espace la dernière version sur grand écran de la mission Apollo 11. Et le parcours de son célèbre commandant.
« Pas un reportage »
Le film se focalise sur cet homme taiseux, ses entraînements, ses drames personnels. « Il n’était pas parfait, on voit qu’il désobéit, mais il était un très bon pilote et un très bon ingénieur », poursuit l’astronaute français qui a reconnu au fil des séquences les lieux où il s’est entraîné. Si la caméra prend son temps pour montrer l’aspect humain de la mission, l’aspect scientifique est parfois expédié. « Ce n’est pas un reportage, il y a douze hommes qui ont marché sur la Lune, cela pourrait faire douze films. Le prisme Armstrong, qui est délibérément choisi, est le prix à payer », relève Serge Graciaux de la Cité de l’espace. Ce dernier sait que Neil Armstrong est bien allé près d’un cratère « car on a vu son tracé de pas ». « De là, à rester le contempler, d’après moi, il n’avait pas le temps. Mais dans le scénario, ça ne fait pas de mal », poursuit ce spécialiste. Des détails importants, comme la présence du réflecteur sur la Lune, n’ont pas été oubliés. « Bon, il faut qu’on rediscute de sa surface, car il manque un peu de poussière. Mais l’important, c’était de montrer que cet homme-là était hors du commun », conclut l’astrophysicien Sylvestre Maurice. Et pour ça, la mission est bien remplie.