Un dessin incertain
Pas facile pour un dessinateur de comics français de se faire une place sur le marché. Des heureux élus, croisés au Comic Con Paris ce week-end, livrent leurs conseils.
Pas trop le choix. Les plus de 600 titres comics édités en France l’an dernier sont à une écrasante majorité des traductions de titres américains. Alors, les auteurs français rêvant d’en dessiner doivent toquer à la porte des éditeurs anglo-saxons. C’est ce que fera bientôt Marina, croisée au Comic Con Paris, dont la quatrième édition a eu lieu ce week-end. Elle se tenait dans la longue file d’attente pour une dédicace d’Olivier Coipel, dessinateur français et star aux Etats-Unis, notamment pour son travail sur le personnage de Thor. Apprentie illustratrice aux Beaux- Arts, elle rêve de percer dans le dessin de comics de super-héros : « J’ai contacté des dizaines de dessinateurs free lance qui travaillent bien. Ils m’ont tous dit que je devrais bosser très dur pour avoir un top niveau. » Autre motif d’inquiétude pour la jeune dessinatrice, tous les auteurs confirmés qu’elle a contactés ont eu leur premier boulot « sur un coup de pot ». C’est le cas d’Elsa Charretier, dessinatrice aujourd’hui reconnue aux Etats-Unis (sur « Harley Quinn » ou « La Guêpe ») : « George R. R. Martin [l’auteur du Trône de fer] a vu mon blog et… il m’a demandé d’illustrer un de ses romans graphiques. Je n’ai pas eu à galérer aussi longtemps que d’autres dessinateurs très doués. »
« Travailler son portfolio »
A Marina, Olivier Coipel donne un seul conseil : « Travailler son portfolio. » Pour se faire remarquer, il faut développer un style original, voire plusieurs si possible, parce que les éditeurs recherchent des talents littéralement « hors du commun ». En France, très peu de dessinateurs ont percé dans le comics. Et dans cette spécialité, beaucoup sont précaires. Les éditeurs présents au Comic Con Paris ont d’ailleurs constaté « la naïveté » des questions des apprentis dessinateurs venus présenter leur travail. Elsa Charretier, qui réside en France, confesse que sa vie de dessinatrice n’est « pas très glamour. Je ne fais que ça, tous les jours : dessiner. Le comics US est synonyme de publication hyper rapide, parfois infernale. Faire 22 pages par mois, c’est difficile. L’endurance, c’est la clé pour savoir durer dans le métier. »