Aéroport
La Cour des comptes qualifie d’« échec » la privatisation
La Cour des comptes n’y va pas par quatre chemins. Dans un rapport sur « le processus de privatisation des aéroports de Toulouse, Lyon et Nice », elle tacle la décision prise en 2014 de céder 49,99 % du capital de l’aéroport Toulouse-Blagnac (ATB) à un consortium étranger. Casil Europe, créé par le fonds d’investissement hongkongais Friedmann Pacific et Shandong High Speed Group, un groupe public chinois, a emporté la mise pour 308 millions d’euros. Dès l’annonce du choix validé par Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie de l’époque, « le profil soulève des inquiétudes » relève le rapport des magistrats financiers.
Majorité publique, mais…
Les collectivités ( 40 % du capital) et plusieurs acteurs locaux se sont inquiétés de son « manque d’expérience en matière de gestion aéroportuaire », doublé d’un « manque de transparence financière ». Mais aussi de « liens avec la puissance publique chinoise » qui n’a pas caché sa stratégie d’investir hors de ses frontières dans le cadre de son plan des « nouvelles routes de la soie ». « Ces sociétés sont domiciliées dans des paradis fiscaux et on ne sait pas qui les détient en dernier ressort or il s’agit d’une infrastructure pérenne et stratégique », relève Christophe Lèguevaques, l’avocat du collectif d’opposants à la privatisation. Ce dernier a multiplié les actions en justice pour connaître les termes exacts du « pacte d’actionnaires » qui lie les votes de l’Etat, toujours propriétaire de 10,01 % du capital, à ceux de Casil. Pour la Cour des comptes, ce pacte serait à l’origine d’une situation « ambiguë et instable, celle d’une société dont le capital est majoritairement public, mais dont le contrôle appartient à l’actionnaire privé par l’effet du pacte d’actionnaires qu’il a conclu avec l’Etat ».
« Nous espérons aujourd’hui que les 10,01 % de l’Etat resteront aux mains des actionnaires publics, le conseil départemental est toujours prêt à les racheter », relève de son côté Pascal Boureau qui représente le département au sein de la société ATB. Ce dernier est monté au créneau à plusieurs reprises lorsque Casil Europe a « puisé dans les réserves » constituées avant son arrivée. Un autre point critiqué par les sages de la rue Cambon.
« Le profil des acquéreurs soulève des inquiétudes » La Cour des comptes