20 Minutes (Toulouse)

Un gendarme qui a blessé une zadiste écope d’un sursis

Un gendarme, qui avait blessé une opposante au barrage, écope d’une peine de six mois avec sursis

- Béatrice Colin

Le 7 octobre 2014, trois semaines avant la mort de Remi Fraisse, une opposante au barrage de Sivens (Tarn) était gravement blessée à la main par une grenade de désencercl­ement (DBD). Mardi, un gendarme de 49 ans était jugé par le tribunal correction­nel de Toulouse pour « violences volontaire­s avec arme par personne dépo- sitaire de l’autorité publique ». Il a été condamné à 6 mois de prison avec sursis et une interdicti­on de détenir une arme durant la même durée. Le jour des faits, la plaignante s’était réfugiée dans la caravane avec d’autres militants. Le gendarme, missionné « pour garder le terrain », leur avait demandé de sortir avant de jeter la grenade. Elle avait atterri sur le plancher de la caravane. Une scène filmée par l’un des occupants. « Il l’a jetée à l’intérieur, heureuseme­nt je ne l’ai pas saisie sinon je n’aurais plus de main. Mais le choc a été puissant », raconte la jeune femme qui a souhaité garder l’anonymat. « Je n’ai jamais voulu la blesser, je le regrette » a affirmé le maréchal des logis, assurant qu’il n’avait pas visé l’intérieur.

« Vous êtes- vous sentis dans une situation de danger justifiant l’usage de la grenade ? », l’a interrogé Jérôme Glavany, le président du tribunal. « J’étais sur le qui-vive mais je n’étais pas en danger. Avec du recul, j’ai eu une mauvaise analyse de la situation. J’ai commis une erreur », a-t-il reconnu. Une faute déjà pointée par un rapport de l’inspection générale de la gendarmeri­e nationale.

Et c’est ce qu’a relevé l’avocate de la plaignante. « Il s’agit de faire recon-

naître sa faute mais aussi que l’usage de cette arme n’est pas normale. Elle doit être utilisée dans conditions très particuliè­res, elle est très dangereuse et peut mutiler », a rappelé Claire Dujardin, alors que l’utilisatio­n de ces grenades font débat dans le cadre du mouvement des « gilets jaunes ». Un cadre réglementa­ire repris par le procureur de la République pour qui le gendarme « a commis un acte de violence ». « Vous avez volontaire­ment fait usage d’une arme, ce n’est pas à l’insu de votre plein gré », a lancé Pierre Couttenier. Un jugement « sévère » pour Alexandre Martin, l’avocat du gendarme, qui estime que son client « paye pour tous les événements de Sivens ».

« J’ai eu une mauvaise analyse de la situation. J’ai commis une erreur », Le gendarme à l’audience

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Gendarmes et opposants sur le site de Sivens en septembre 2014/

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