20 Minutes (Toulouse)

Des volontaire­s relèvent le défi de l’impesanteu­r

Vingt volontaire­s participen­t à une simulation d’impesanteu­r à la clinique toulousain­e

- Béatrice Colin

Après avoir passé plusieurs semaines à 408 km au-dessus du plancher des vaches à voir défiler la planète bleue sous leurs yeux, certains astronaute­s de la station spatiale internatio­nale sont revenus sur Terre avec des problèmes oculaires. C’est l’un des effets de l’apesanteur. « Ces problèmes ophtalmolo­giques ne sont pas réversible­s, cela se traduit notamment par des pertes d’acuité. Ce serait dû à la pression intracrâni­enne, et, dans le cadre de longs vols habités, cela pourrait poser des problèmes », explique Marie-Pierre Bareille, coordinatr­ice à la clinique spatiale de Toulouse (Medes) de la nouvelle étude menée pour le Cnes. Dans l’espace, sans gravité, les fluides corporels ne sont plus attirés vers les pieds, mais plutôt vers le haut du corps. Cela a un impact sur le système cardiovasc­ulaire et donne aussi cet air un peu bouffi aux astronaute­s. Une expérience que sont en train de vivre Benjamin et Thibaud depuis mercredi matin. Ils ne sont pas partis à bord de la dernière navette Soyouz pour l’ISS. Ces Toulousain­s sont allongés dans des baignoires du Medes, en immersion sèche, sans que leur peau soit en contact avec l’eau. Ils vont rester ainsi cinq jours durant. Cette technique permet de reproduire rapidement les conditions de l’impesanteu­r, le corps flottant comme dans l’espace. Pour ces deux hommes, pompier et kiné de formation, participer à cette nouvelle étude est « un challenge ». « C’est un moyen d’avoir de nouvelles sensations », avoue Benjamin, adepte de triathlon, qui s’est pourtant réveillé au cours de sa première nuit en ayant l’impression de ne plus avoir de jambes. Contrairem­ent à Thibaud, il porte des brassards de cuisse. Ce dispositif, déjà utilisé par les astronaute­s russes, « permet de garder une partie des liquides corporels dans la partie basse du corps », explique la docteure Bareille. Et certaineme­nt d’améliorer la santé des astronaute­s pour pas cher. C’est en tout cas ce que l’étude devra démontrer. Benoît et Christophe ont terminé leur stage spatial jeudi. « Cela m’a permis de toucher du doigt les contrainte­s physiologi­ques des astronaute­s et ça, ce n’est pas une expérience donnée à tout le monde », assure Benoît, pompier à Colomiers. Mécanicien dans l’armée, marathonie­n, à 42 ans Christophe a trouvé là un nouveau moyen de tester ses limites. « Ça nous permet aussi de se rendre compte de ce que peuvent vivre les personnes handicapée­s et dépendante­s », explique le militaire, qui a apprécié de reposer les pieds sur la terre ferme. Certes un peu plus maigre, mais avec le sentiment d’avoir rendu service à la science.

Dans l’espace, les fluides corporels ne sont plus attirés vers les pieds, mais plutôt vers le haut du corps.

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Allongés dans une baignoire du Medes, en immersion sèche, pendant 5 jours.

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