La présidente de la Ligue contre la violence routière victime « des réseaux “asociaux” »
Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, est victime d’insultes et de menaces
« Dès qu’on a une petite notoriété, on devient une cible sur Internet, assure Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière. Pour moi, le cauchemar a commencé en 2010, lorsque l’assouplissement des délais pour récupérer les points de permis de conduire perdus a été voté. J’étais intervenue dans les médias pour expliquer que l’affaiblissement du permis à points allait faire remonter la mortalité routière. Ça a déclenché une flopée de mails injurieux et de menaces, qui me visaient directement. J’étais écoeurée. Je ne comprenais pas. La sécurité routière, c’est un sujet de santé publique.
Même chose un an plus tard, quand je me suis prononcée en faveur de l’interdiction des avertisseurs de radar annoncée par le gouvernement. Aux mails agressifs se sont ajoutés les appels à me faire la peau sur les réseaux que je qualifie d’“asociaux”. Ils favorisent la rupture de digues pour l’autocensure. Dès lors, il n’y a qu’un pas entre le verbe invectif et le passage à l’acte violent.
Trois plaintes déposées
A chaque nouvelle mesure, dès que je suis invitée à la commenter, c’est la même rengaine. Les cyberattaques redoublent. Les “invitations” à me fracasser se multiplient sur les réseaux sociaux. On m’accuse d’être autophobe, motophobe, liberticide. Et comme je suis une femme, je suis forcément castratrice ! Il y a même des pages entières de sites ou de blogs qui véhiculent des infox sur moi.
Du coup, pour me protéger, des dispositifs mis en place. Désormais, je ne lis plus directement les messages adressés à l’association. Ils sont filtrés par les camarades de la Ligue. Quand ils estiment que ça va vraiment trop loin, ils m’incitent à porter plainte. Je l’ai déjà fait trois fois. Je veux que ces personnes soient sanctionnées et je souhaite la levée de l’anonymat sur les réseaux “asociaux”. Ma famille a souvent peur pour moi et je vis avec un perpétuel sentiment d’inquiétude. D’autant que, depuis deux mois, je suis aussi harcelée au téléphone car mon numéro a été diffusé sur Facebook en incitant à l’appeler. Mais il est hors de question que j’arrête mon combat à cause de pleutres. Doit-on vivre debout ou à genoux face à ceux qui font l’apologie de la destruction ? »