« Le peuple s’est réveillé »
Dimanche, dans plusieurs villes de France, des milliers de personnes se sont réunies pour s’opposer à la perspective d’un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika et pour soutenir la contestation en Algérie.
Ils étaient des milliers à se réunir, dimanche, à Paris, pour s’opposer à un 5e mandat de Bouteflika
Des drapeaux algériens dressés haut sur la statue de Marianne. Dimanche, sur la place de la République à Paris, entre 6 000 (selon la préfecture de police) et 10 000 (selon un organisateur) Algériens, FrancoAlgériens et Français d’origine algérienne s’étaient réunis, au son des youyous, des applaudissements et des « Dégage, FLN ! » (le parti au pouvoir en Algérie). Un slogan qui fait écho à la mobilisation de l’autre côté de la Méditerranée, où le peuple algérien récuse le pouvoir en place, en sortant dans la rue depuis une dizaine de jours. La volonté du président Abdelaziz Bouteflika de rempiler pour un cinquième mandat (lire l’encadré) est à l’origine de ce mouvement, inédit depuis l’indépendance.
« Le mur de la peur brisé »
« Un tournant historique », voilà comment la plupart des manifestants décrivent la situation en Algérie. « On est en train de changer l’histoire de notre pays, assure Cyndi, Franco-Algérienne de 25 ans. Les hommes, les femmes et les enfants descendent dans la rue en Algérie et à l’étranger. » A Lyon samedi, à Paris, Marseille, Toulouse et Rennes dimanche, la diaspora algérienne a tempêté contre Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999 et victime d’un AVC en 2013. « On ne s’attendait pas à ce qu’il se présente à nouveau, à 82 ans, témoigne Asma. Il n’est même pas capable de tenir un stylo. » « Le problème, ce n’est pas seulement Bouteflika, mais tout le système derrière », renchérit Hamid, un Algérien de 27 ans sous sa pancarte « Bouteflika, dégage ! »
Pour autant, nombre de personnes rencontrées croient en un bouleversement du régime, à condition, selon elles, d’organiser de nouvelles élections, démocratiques cette fois. « Le peuple a brisé le mur de la peur malgré un pouvoir qui agite la menace d’une guerre civile », s’enthousiasme Sarah, 28 ans. « Le peuple s’est réveillé » , surenchérit Sofia, 66 ans. « J’espère que les jeunes qui se lèvent aujourd’hui vont reprendre le flambeau et défendront de nouveaux candidats », martèle Nadia, 64 ans. « Ils [les jeunes] vivent dans une prison à ciel ouvert, sans boulot, sans loisirs », se désole Sofia. « La France aussi a intérêt à accompagner cette transition démocratique », susurre pour sa part Hamid.