Le classement à l’Unesco de la Cité radieuse menacé
Le futur plan local d’urbanisme d’Aix-Marseille menace l’oeuvre de Le Corbusier d’être désinscrite du patrimoine de l’Unesco
« Que nos élus aillent expliquer à la ville de Chandigarh [en Inde] pourquoi elle est désinscrite du patrimoine mondial de l’Unesco. » Katia Imbernon est inquiète du devenir de la Cité radieuse de Le Corbusier à Marseille, où elle habite et travaille, et, plus globalement, de l’oeuvre de l’architecte franco-suisse. Le futur plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) de la métropole d’Aix-Marseille, dont la consultation s’est achevée lundi, pourrait entraîner la désinscription de la Cité radieuse de Le Corbusier de Marseille au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais pas seulement (lire l’encadré).
Le PLUI ouvre en effet la porte à la construction de nombreux logements autour de l’ensemble architectural, dont trois tourelles qui boucheraient les points de vue sur le bâtiment. « Le projet d’urbanisme ne respecte pas la valeur universelle exceptionnelle de l’oeuvre, explique-t-on au Conseil international des monuments et des sites, qui assiste l’Unesco. Nous avons donc alerté l’Unesco, qui prendra la décision de sommer les porteurs de projets de s’arrêter, ou de déclasser. »
Des caractéristiques précises
« On a présenté trois fois le dossier pour être inscrit à l’Unesco [en 2016], il y a eu beaucoup de travail, explique Katia Imbernon, qui a fondé une librairie au troisième étage et vit dans l’unité d’habitation de Marseille. Les caractéristiques sont très précises et très encadrées, tout comme le plan de gestion de la Cité après l’inscription. » « Il s’agit surtout de tirer la sonnette d’alarme pour que les élus métropolitains respectent la procédure de l’inscription, ce qui fait la valeur du site comme le fait qu’il puisse être vu, s’inquiète Brigitte Bouvier, directrice de la fondation Le Corbusier. Or ces tourelles risquent d’obstruer les cônes de vue. » Cependant, elle ne désespère pas trouver une solution. « C’est l’occasion de nouer le dialogue, ce qui n’a pas été suffisamment fait, explique Brigitte Bouvier. Je ne suis pas contre la construction de nouveaux logements, mais c’est une chance de construire de manière harmonieuse. » Laure-Agnès Caradec, vice-présidente de la métropole chargée du PLUI, a tenu à relativiser dans les colonnes du Parisien : « Ce n’est qu’un projet, qui n’est pas encore arrêté. »