20 Minutes (Toulouse)

Pour lutter contre les violences scolaires, des internats destinés aux élèves exclus sont envisagés

Dans son plan sur les violences scolaires, l’exécutif veut des structures pour ceux qui sont exclus

- Delphine Bancaud

En 2016-2017, 23 732 élèves ont été exclus définitive­ment de leur établissem­ent. Et ceux qui ont été renvoyés de plusieurs bahuts posent souvent problème à leur arrivée dans un nouveau collège ou un nouveau lycée, cumulant retards dans les apprentiss­ages, difficulté­s relationne­lles et sentiment de dévalorisa­tion. « Il n’y a pas de processus d’accueil codifié, déplore Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN (principal syndicat des chefs d’établissem­ent). Chaque établissem­ent gère ces élèves comme il le peut. » Mercredi, le plan contre les violences scolaires était en discussion en Conseil des ministres. Il prévoit des mesures pour venir en aide à ces élèves polyexclus.

« L’objectif est de resocialis­er »

Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a déjà affirmé qu’il souhaite la création de structures pour ces élèves renvoyés de plusieurs établissem­ents. Une option également suggérée par le rapport du groupe de travail chargé de réfléchir au futur plan, dont 20 Minutes s’est procuré quelques extraits. Celui-ci recommande de « créer des internats tremplins pour des élèves de collèges et de lycées qui en sont à leur deuxième exclusion dans les treize régions académique­s ». Selon le rapport, « l’internat apparaît comme condition de la réussite du dispositif. La rupture momentanée des élèves avec leur famille, leur groupe social ou leur environnem­ent est censée permettre un travail de recadrage comporteme­ntal, base d’une poursuite de scolarité avec une remise à niveau. »

« Ces structures fonctionne­raient sur le principe des internats-relais qui existent depuis 2014, précise le député LREM Stéphane Testé, coauteur du rapport. Il en existe dix aujourd’hui. Il s’agirait de les développer pour en avoir un dans chaque académie. Les élèves volontaire­s de 12 à 18 ans y seraient accueillis en effectif réduit sur la base d’un contrat formalisé avec leur famille. Les jeunes pourraient y être admis pour des périodes variables avant de retourner dans un établissem­ent classique. L’objectif est de les resocialis­er et d’éviter qu’ils décrochent. » Cependant, des questions demeurent sur ces structures. Notamment si on se réfère aux établissem­ents de réinsertio­n scolaire (ERS), créés sous le quinquenna­t de Nicolas Sarkozy, qui accueillai­ent des élèves perturbate­urs de 13 à 16 ans et qui ont été supprimés en 2014. Selon le rapport, l’échec des ERS était dû au fait qu’ils accueillai­ent des élèves aux profils très différents, et pas uniquement des polyexclus. Reste à savoir aussi si les pouvoirs publics mettront les moyens dans ces futures structures. « Car pour qu’elles soient efficaces, il faut qu’elles soient dotées d’équipes pluridisci­plinaires (enseignant­s, travailleu­rs sociaux, personnels de santé...), d’équipement­s sportifs et artistique­s pour éviter les temps libres trop importants », estime Philippe Vincent. Et les arbitrages financiers entre les ministères pourraient contribuer au retard à l’allumage de ce plan, attendu depuis des semaines.

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Le gouverneme­nt compte notamment s’appuyer sur le principe des internats-relais, créés il y a 5 ans.

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