20 Minutes (Toulouse)

L’histoire pleine de cahots de la LGV Lyon-Turin

Le gouverneme­nt italien doit décider d’ici à vendredi de poursuivre ou non les travaux de la liaison ferroviair­e entre Lyon et Turin

- A Lyon, Elisa Frisullo

On en parle depuis près de trente ans. Le principal tunnel reliant Lyon et Turin a commencé à être creusé côté français. Pourtant, la ligne à grande vitesse fret et voyageurs est loin d’être encore fonctionne­lle. Les Italiens doivent décider de poursuivre ou de stopper les travaux de la ligne ferroviair­e d’ici à vendredi. 20 Minutes propose une remise à niveau sur ce projet titanesque.

> Un coût de 8,6 milliards d’euros. Le projet est destiné à désengorge­r les vallées alpines du trafic des poids lourds en favorisant le report modal de la route vers le rail. Il comprend la réalisatio­n d’un tunnel de 57 km sous les Alpes. C’est l’ouvrage majeur du projet sur lequel doit se prononcer le gouverneme­nt italien, censé financer 35 % du tunnel. Son coût est évalué à 8,6 milliards d’euros pour une mise en service prévue en 2030. La France et l’Europe doivent respective­ment contribuer à hauteur de 25 % et 40 %.

> Plusieurs chantiers déjà engagés. Depuis 2003, trois galeries de reconnaiss­ance ont été réalisées côté français à Modane, la Praz et Saint-Martin-de-la-Porte. Depuis octobre 2016, le percement de l’ouvrage entre la France et l’Italie a commencé côté français. Le tunnelier, plusieurs fois à l’arrêt depuis le début du chantier, avance lentement mais sûrement. En Italie, le chantier du principal tunnel n’a pas débuté mais le creusement d’une galerie de reconnaiss­ance à Chiomonte a été réalisé et achevé en 2017. Au total, entre les différente­s études, les chantiers et les travaux préparatoi­res, plus de 2,5 milliards d’euros ont déjà été investis dans le projet.

> Les hésitation­s de la France. En 2017, le gouverneme­nt avait semé le doute chez les défenseurs du tunnel en annonçant une « pause » dans les grands projets d’infrastruc­tures, dont le Lyon-Turin. Quelques mois plus tard, lors d’un sommet franco-italien, le président Emmanuel Macron avait confirmé l’engagement de la France pour ce projet. En visite en Savoie, le 1er février, sur le chantier du tunnel ferroviair­e, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a invité l’Italie à prendre rapidement des décisions sur son engagement dans le projet afin que son calendrier soit respecté.

> Un projet qui divise en Italie. La Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini est favorable au tunnel, tandis que son alliée au gouverneme­nt, le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystèm­e) de Luigi Di Maio le considère comme inutile. Le gouverneme­nt a commandé en 2018 une étude coût-bénéfice sur le Lyon-Turin. D’après cette analyse, la ligne présentera­it « une rentabilit­é très négative ». Mais la compositio­n de la commission d’experts et la méthodolog­ie utilisée sont contestées par les défenseurs du projet. Difficile donc, dans ces conditions, de présager de la décision qui sera prise côté italien.

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L’un des chantiers du projet, à Saint-Martin-de-la-Porte (Savoie), en novembre.

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